Voie ferrée entre Matapédia et New Carlisle: VIA Rail exige d'autres vérifications

Entre les 24 et 28 septembre, des tests ont été réalisés entre New Carlisle et Matapédia sous la supervision de deux ministères, de VIA Rail et de la Société du chemin de fer de la Gaspésie. Tous les passages à niveau ont fonctionné plusieurs fois.

VIA Rail exige que la Société du chemin de fer de la Gaspésie réalise un «contrôle de l'infrastructure» et un «audit complet de son système de gestion de la sécurité» avant de statuer sur le retour de son train de passagers entre Matapédia et New Carlisle.


Ces exigences font dire aux défenseurs des services ferroviaires en Gaspésie que VIA Rail modifie sa cible à mesure que la Société du chemin de fer de la Gaspésie s'en approche.

Au début d'août, le conseil d'administration de la Société du chemin de fer de la Gaspésie (SCFG) a choisi d'utiliser une solution saline pour combattre la végétation le long de sa voie ferrée entre Matapédia et New Carlisle. Cette solution a provoqué de la corrosion dans les systèmes actionnant les signaux de passages à niveau. Depuis, VIA Rail n'envoie plus son train à l'est de Matapédia, même si des travaux de nettoyage et des tests ont été réalisés.

Deux conditions ont été imposées par Marc Laliberté, président de VIA Rail le 17 septembre, soit le feu vert de Transports Canada en ce qui a trait aux passages à niveau et un engagement par la SCFG que le tronçon sera sécuritaire à long terme.

Entre les 24 et 28 septembre, Transports Canada, le ministère des Transports du Québec, la SCFG et un représentant de VIA Rail ont fait des tests aux passages à niveau, et ils ont tous fonctionné. Le rapport n'est pas encore sorti publiquement.

Le porte-parole de VIA Rail, Jacques Gagnon, indique qu'il n'y a toujours «pas de garantie que c'est inévitable, qu'il n'y aura pas de corrosion». En date de vendredi, «la certification n'a pas été atteinte». En ce qui a trait à l'audit complet du système de gestion de sécurité de la SCFG, il ne donne pas de détails quant à son déroulement.

Cynthia Patterson, de Dignité rurale, estime que «VIA Rail change encore l'objectif dès qu'on s'en approche [...] Du point de vue citoyen, c'est très inquiétant. Nous continuerons de surveiller la situation de très près. Nous avons déjà vu VIA Rail prendre des décisions défavorables aux Gaspésiens».

Seconde réunion

La situation justifie la tenue d'une seconde réunion de la Coalition des Gaspésiens pour l'avenir du train le 24 octobre à Gascons. «Harry Gow, de Transports Action Canada, y sera», note-t-elle.

Le président de la SCFG, François Roussy, précise qu'une rencontre avec Transports Québec et VIA Rail le 17 octobre à Québec permettra de voir clair. «On dirait que VIA Rail nous en demande plus qu'à quiconque», dit-il.

Jacques Gagnon a par ailleurs indiqué vendredi avoir corrigé l'erreur d'une note interne de VIA Rail, précisant que le retour du service ne serait effectué qu'une fois tout le tronçon Matapédia-Gaspé réparé. «Nous reviendrons quand la portion Matapédia-New Carlisle sera approuvée.»

Depuis mai 2012, le gouvernement du Québec a consacré 27 millions $ à l'entretien du réseau ferroviaire gaspésien. Les ponts prennent une forte partie de cette somme. En s'appuyant sur une étude réalisée en 2011, il faut encore consacrer de 65 à 70 millions $ d'ici 2016 pour assurer le bon état de l'axe Matapédia-Gaspé durant 25 ans. Les trains de marchandises circulent régulièrement sur la portion ouest du réseau, entre Matapédia et Nouvelle. Un train touristique, l'Amiral, aussi exploité par la SCFG, circule occasionnellement entre Gaspé et Percé.

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Entente transitoire pour la gare de Mont-Joli

Quatre organisations, dont la Ville de Mont-Joli, ont dévoilé vendredi une entente transitoire négociée avec VIA Rail pour garder la gare ouverte jusqu'au 30 janvier prochain.

L'entente devrait normalement être reconduite pour plusieurs années. Sur une base annuelle, ce «partenariat d'affaires», comme l'a décrit le député Jean-François Fortin de Haute-Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia, coûtera à la communauté environ 30 000 $, y compris le salaire du chef de gare. «VIA Rail a fait preuve d'ouverture. Les termes de l'entente finale, qui aura à être ratifiée par le nouveau conseil municipal de Mont-Joli après le 3 novembre, sont pratiquement tous négociés. Il y a des paramètres, comme la durée, deux ans, trois ans, qui restent à être décidés», a dit M. Fortin.

VIA Rail doit fermer d'ici le 25 octobre une dizaine de gares dans l'Est-du-Québec. Mont-Joli, qui a un achalandage annuel de plus de 1400 passagers, fera donc exception. «Pour une fois, le pôle sera à Mont-Joli, même pour les gens de Rimouski, qui n'auront plus de services pour les personnes à mobilité réduite, et ceux de l'est pourront venir prendre le train à Mont-Joli», a terminé le député bloquiste.

Avec la collaboration spéciale de Carl Thériault