«Ça ne changera pas. N'essayez pas de nous intimider», a lancé le maire sortant mardi à l'endroit du RECIQ.
Comme le rapportait Le Soleil mardi, le RECIQ a tenté sans succès ces dernières années de convaincre l'administration Labeaume de changer sa politique de réserver ses contrats aux entrepreneurs qui embauchent des membres de l'ANCAI. Ce type de clause préférentielle est permis par la loi, mais exceptionnel dans le monde municipal au Québec.
Mardi, le maire a non seulement assuré que cette «préférence» pour l'ANCAI ne changera pas, il a vertement critiqué les méthodes du RECIQ, n'hésitant pas à parler de «harcèlement». «Ils font preuve de harcèlement à la Ville de Québec depuis des années. On leur dit qu'ils ne réussiront pas à nous intimider», a-t-il lancé.
M. Labeaume a notamment critiqué à plusieurs reprises le fait que le RECIQ fasse appel à «des lobbyistes qu'il connaît personnellement». Le Soleil révélait mardi que le Regroupement a fait inscrire quatre personnes au Registre des lobbyistes, dont Pierre C. Bellevance, un proche de l'organisation du maire sortant.
Mais peu importe les tentatives, rien ne changera, a tranché M. Labeaume.
«Il y a préférence pour les camionneurs artisans, c'est-tu clair? La loi nous permet d'avoir une préférence. On ne veut pas que ça change.»
Reste que le maire sortant a déjà envisagé de briser le monopole de l'ANCAI et ouvrir les contrats de la Ville à d'autres organisations afin de stimuler la concurrence et ainsi obtenir un meilleur prix.
«Moi, je pensais qu'on devait changer ça quand je suis arrivé comme maire, a-t-il relaté. Mais j'ai parlé à des gens qui avaient travaillé avec Jean-Paul L'Allier qui m'ont dit :"Régis, touche pas à ça"», a lancé le maire sortant en marge d'une conférence de presse de campagne électorale en matinée.
En après-midi, M. Labeaume s'est de nouveau présenté devant les journalistes pour réagir aux articles du Soleil. Cette fois-ci, flanqué du conseiller François Picard, du directeur général de la Ville de Québec Alain Marcoux et du directeur du Service des affaires juridiques, Serge Giasson.
Les quatre hommes ont longuement expliqué la décision de maintenir le monopole de l'ANCAI, établi en 1982.
La plupart des arguments avancés se retrouvaient déjà dans les articles du Soleil de mardi. La Ville estime que faire affaire avec des camionneurs artisans pendant l'été assure plus de stabilité pour les travaux de déneigement en hiver. Elle dit aussi avoir la volonté de soutenir 211 camionneurs de Québec au lieu de 29 gros joueurs de partout au Québec réunis dans le RECIQ.
Ne plus garantir de contrats à l'ANCAI pourrait aussi rendre la Ville à la merci du RECIQ, multipliant les dangers de collusion entre les entrepreneurs qui possèdent plusieurs camions, a aussi avancé M. Labeaume.
Sans donner d'exemples sur ce qu'ils qualifient «d'univers très spécial» qu'est celui du camionnage, les représentants de la Ville ont toutefois mentionné le climat ambiant.
«La commission Charbonneau a récemment fait état de ce qui pouvait se passer dans le camionnage en vrac. Vous comprendrez toute notre prudence lorsqu'on reçoit des demandes pour changer les règles alors que pour l'instant, ça va bien», a indiqué François Picard.
«Moi, j'écoute mes experts, je regarde ce qui se passe, je regarde la commission Charbonneau et on nous demande de changer les règles? Ma réponse est non et ça date de 2010», a-t-il ajouté.
Le directeur général Alain Marcoux a pour sa part assuré que même en situation de monopole, ANCAI ne peut pas en profiter pour gonfler ses tarifs. «Pour le prix, on suit le décret du ministère des Transports, a-t-il conclu. Des bargains, il n'y en a pas.»