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Deux jours après la parution d'un coup de sonde par la firme Léger, une autre enquête d'opinion, conduite pour le compte du Soleil et de La Presse, constate que la proposition mise de l'avant par le ministre Bernard Drainville s'attire pratiquement autant de détracteurs (45 %) que de partisans (42 %).
Pour Youri Rivest, vice-président de la maison de sondage CROP, la différence est ténue. Mais, observe-t-il, l'intensité varie selon le camp. «Elle est beaucoup plus forte» chez ceux qui se disent «très défavorable» (30 %) que chez les personnes qui s'affichent comme «très favorable» (14 %).
Alors que Bernard Drainville n'évoque que vaguement la possibilité de scinder en deux volets la charte, pour distinguer accommodements raisonnables et symboles de la foi, CROP rapporte que c'est justement le port de signes religieux ostentatoires qui ne rallie pas une majorité. Ils sont 42 % à soutenir une charte qui bannirait le voile islamique, le hijab, chez les employées de l'État.
En revanche, l'obligation de donner ou de recevoir des services publics à visage découvert fait l'unanimité : 81 % s'opposent à la burqa. Les citoyens sont à 71 % en faveur du devoir de réserve et de neutralité religieuse; à 63 % favorables à l'encadrement des accommodements religieux; et 54 % soutiennent une charte qui inscrirait la séparation de l'État et de la religion.
CROP a recoupé une série de questions pour esquisser le portrait de quatre types de Québécois qu'il a baptisés les «catholiques pure laine» (auquel 29 % des Québécois correspondent), les «laïcs fermés» (21 %), les «croyants tolérants» (29 %) et les «laïcs ouverts» (21 %).
Le premier groupe rassemble à lui seul 50 % des partisans de la charte. Les données de l'enquête d'opinion laissent croire à Youri Rivest que les gens qui le composent se montrent «mal à l'aise avec l'immigration».
Soixante-treize pour cent jugent important de «préserver les symboles historiques catholiques» et croient «qu'il y a trop d'immigrants». CROP a donné le maire de Saguenay, Jean Tremblay, comme archétype d'un groupe qui demeure majoritairement hors des grands centres que sont Québec et Montréal.
Ouverts, fermés, tolérants, pure laine
Les «laïcs ouverts» sont représentés par Louise Harel, ex-ministre péquiste et ex-candidate à la mairie de Montréal. Principale caractéristique, plus de 80 % croient à la fois que l'individu peut afficher ses convictions religieuses et «que l'État devrait être laïque». Pas moins de 81 % s'opposent à la charte. Ce groupe se compose à 57 % de femmes.
C'est le contraire chez le «laïc fermé», composé de 57 % d'hommes, «des pères de famille du "450" [l'indicatif téléphonique de la région en périphérie de Montréal], commente M. Rivest. C'est mon sentiment que tout ce débat ne les intéresse pas beaucoup.» CROP a accolé comme figure symbolique le sociologue Guy Rocher.
L'archétype du «croyant tolérant» s'incarne dans le prêtre catholique et ancien député du Bloc québécois Raymond Gravel. S'y retrouvent davantage de membres des communautés culturelles, analyse le vice-président de CROP. «Ce qui le caractérise surtout, c'est sa croyance religieuse et qu'il est très défavorable à la charte [77 %] et surtout à l'encadrement des signes religieux», à 81 %.
«Catholiques pure laine» et «laïcs fermés» sont à plus de 90 % des francophones et se définissent à plus de 70 % comme «d'abord Québécois». «Laïcs ouverts» et «croyants tolérants» sont francophones respectivement à 61 % et 69 % et les deux se disent avant tout «Canadiens» à 57 %.
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Méthodologie
La collecte de données en ligne s'est déroulée du 12 au 15 septembre 2013 par le biais d'un panel Web. Au total, 1000 questionnaires ont été remplis. Les résultats ont été pondérés pour refléter la distribution de la population adulte du Québec selon le sexe, l'âge, la région de résidence, la langue maternelle et le niveau de scolarité des répondants. Notons qu'étant donné le caractère non probabiliste de l'échantillon, le calcul de la marge d'erreur ne s'applique pas.