Arrivé sur place après un long vol, le 19 juillet dernier, il avoue avoir eu peur, William. Peur de l'échec, de la maladie, de la montagne, d'un accident, peur d'être loin de la maison. Mais il a surmonté ses craintes à coups de journées de quatre heures à neuf heures de marche.
Les matins frisquets étaient joyeux, agrémentés de chocolat chaud, se remémore-t-il. Les longues randonnées en altitude ont néanmoins pesé lourd sur le moral. Lorsqu'il était exténué, William a pesté contre la météo, contre la folie de l'entreprise. Lors des phases de découragement, «je me répétais : "Tu vas réussir."»
L'atteinte du sommet, à 5895 mètres d'altitude, a été accueillie comme une délivrance : «J'étais vraiment soulagé d'être enfin arrivé. J'étais un peu tanné.»
Il était cependant bien épaulé. Par les marcheurs ayant embarqué dans son aventure, d'abord. Aussi par les guides locaux : «Les Africains étaient vraiment tout le temps de bonne humeur. Ils nous soutenaient beaucoup.»
Ce dont il est le plus fier? «J'ai réussi à faire en sorte que les gens veuillent partir avec moi.» A-t-il trouvé difficile de composer avec le groupe d'excursionnistes, tous des adultes? «Ils étaient tous très matures!» balance-t-il à la blague.
William Renaud se réjouit aussi d'avoir pu s'extérioriser, témoigner, parler de dysphasie, d'intimidation. «Je pensais qu'il y avait juste moi qui avais vécu ça.»
Le rejet des autres jeunes, c'est d'ailleurs ce qui l'avait motivé à se lancer à l'assaut du Kilimandjaro.
À 17 ans, William est toujours au début du parcours secondaire, ralenti par la dysphasie, une atteinte neurologique qui limite l'expression et la compréhension du langage.
Élève d'un programme spécialisé, il s'est senti jugé, délaissé par les jeunes de son âge qui poursuivent un cursus académique plus conventionnel.
Un film sur l'intimidation
L'ascension de la montagne complétée, il se lance maintenant dans une nouvelle aventure : le cinéma. Une caméra a enregistré l'épopée africaine; sur la pellicule, William raconte ses expériences, parle aux intimidés et aux intimidateurs. «Il va y avoir un film. Je ne dis pas que ça va gagner aux Oscars, mais ça va parler de l'intimidation, je vais parler de ce que j'ai vécu.»
Soutenu par Intègr'action jeunesse, le document vidéo donnera aussi la parole à d'autres victimes d'intimidation et présentera les ressources d'aide. Il sera offert aux écoles.