Suspension de licence de Skyjet: des remous jusqu'à L'Île-d'Anticosti

Basé à l'aéroport Jean-Lesage, Skyjet a également des succursales à Sept-Îles et à Montréal.

La suspension de licence du transporteur aérien SKYJET a des répercussions jusqu'à L'Île-d'Anticosti, où touristes, travailleurs et résidants comptent sur ses avions pour entrer et sortir de leur paradis.


Selon la saison, Skyjet opère quatre ou cinq vols par semaine à destination ou au retour de Port-Menier. Le contrat lui a été accordé il y a trois ans après un appel d'offres tenu conjointement par la municipalité de L'Île-d'Anticosti, la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ), des pourvoiries, la coopérative alimentaire et une entreprise forestière locale.

À la veille de la haute saison de chasse, qui commence le 31 août au milieu du golfe Saint-Laurent, ce sont surtout des visiteurs et des travailleurs qui s'amènent en avion depuis Sept-Îles ou Havre-Saint-Pierre.



«Pour l'instant, il n'y a pas beaucoup de changement. Ils [les dirigeants de Skyjet] ont sous-contracté avec Strait Air pour les vols», rapporte Véronique Rodgers, directrice générale de L'Île-d'Anticosti. C'est même une amélioration, selon elle, puisque plusieurs vols ont été retardés ou annulés dans les jours précédant la décision de Transports Canada. Des ennuis mécaniques ont été invoqués pour expliquer ces contre-temps.

Avions cloués au sol

Le 14 août, Transports Canada a suspendu, pour des raisons qui n'ont pas été rendues publiques, le certificat d'exploitation aérienne de SkyJet M.G. Ce document est essentiel pour avoir le droit de voler dans le ciel canadien. Le lendemain, l'Office des transports du Canada (OTC) suspendait la licence de l'entreprise, dont le siège social est situé à l'aéroport international Jean-Lesage et qui possède des succursales à Sept-Îles et à Montréal. Une douzaine d'avions sont cloués au sol.

Pierre Lapointe, directeur général de la pourvoirie du lac Geneviève, est un peu nerveux en attendant ses premiers chasseurs. Que Skyjet récupère ou non son droit de voler, comme cela semble être son désir, il souhaite que l'entreprise organise le service au prix négocié. «D'ici la fin de la semaine, il va falloir qu'on s'assure que ça marche», lance-t-il.



La SEPAQ, qui fait appel au transporteur pour des besoins ponctuels, souvent en début ou en fin de saison pour faire entrer et sortir ses employés ou lors de débordements de clientèle, s'attend pour sa part à ce que les vols se poursuivent en sous-traitance. Ce qui ne pose pas de problème, selon sa porte-parole, Élaine Ayotte.

Contrats gérés indépendamment

Questionnée à propos du fait que la société d'État fait toujours affaire avec Skyjet et Strait Air, deux entreprises qui n'ont pas réussi l'audit de sécurité du gouvernement du Québec et ne peuvent donc être inscrits comme fournisseurs officiels de services aériens pour le transport de fonctionnaires, Mme Ayotte répond qu'elle n'est pas au courant de la procédure du Service aérien gouvernemental (SAG) et que les normes de Transports Canada étaient respectées jusqu'à tout récemment. «La sécurité est notre premier critère», insiste-t-elle.

De toute façon, la société d'État gère ses contrats de façon indépendante et rien n'empêche les ministères et les organismes de réserver des vols sans passer par le service de nolisement offert par un mandataire du SAG.