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Hugo Girard, élu l'homme le plus fort du monde en 2002, est sûrement celui qui est le plus connu. Il est originaire de la Côte-Nord, plus précisément de Sainte-Anne-de-Portneuf. Il participe encore à des démonstrations de force.
On peut ajouter le nom de Jean-François Caron, natif des Hauteurs, près de Rimouski, qui s'est classé huitième au monde, et celui de Louis-Philippe Jean, de la Côte-Nord, gagnant du titre canadien de l'homme plus fort. Inconnu du public, Marco Fortier, gérant du Fitness l'Entrepôt de Québec, détient le record canadien de la flexion de jambes avec un poids de 914 livres.
Depuis de nombreuses années, les régions de Québec et de l'Est-du-Québec ont été des pépinières d'hommes forts, mais aussi de femmes fortes. On n'a qu'à penser à Victor Delamarre, natif de Lac-Bouchette au Lac-Saint-Jean, mais qui a habité longtemps à Québec. Il a pris part à plusieurs épreuves de force au début du XXe siècle. Une rue dans le secteur de Vanier, à Québec, porte son nom en sa mémoire.
Il y a aussi les six frères Baillargeon, originaires de Saint-Magloire, dans Bellechasse, qui se sont fait connaître par différents exploits et combats de lutte pendant près de 30 ans entre 1940 et 1970, à une époque où on ne consommait pas de stéroïdes. Durant la même période, plusieurs haltérophiles de Québec et de la région ont fait leur marque sur les scènes nationale et internationale.
Par la suite, et jusqu'à ce jour, les concours télévisés d'hommes forts - particulièrement le World's Strongest Man - ont éveillé un nouvel intérêt pour ces Hercules des temps modernes au Québec. À Québec, au début des années 80, le Colisée a été le théâtre du Défi Mark Ten.
Un phénomène culturel
Selon Paul Ohl, l'auteur de la biographie sur Louis Cyr, qui a fait des recherches sur les hommes forts pendant une vingtaine d'années, le Québec a développé davantage d'hommes forts au prorata de sa population que bien d'autres pays. Sur ce plan, il compare le Québec à la Scandinavie et à l'Écosse, où on trouve également une proportion plus grande d'hommes forts. Il y voit un phénomène culturel au Québec.
«Lorsqu'on regarde la provenance de ces hommes au Québec, à l'époque, on se rend compte qu'ils viennent presque tous du milieu rural, qui est totalement axé sur le travail physique. Ils lèvent des troncs d'arbre. Ils se déplacent sur de grandes distances avec des charges à l'épaule. Ils soulèvent des pierres impossibles à lever par leur entourage», avance-t-il.
«Il y avait deux types d'hommes forts, soit le colon bûcheron et le forgeron du village. Ce n'est pas pour rien que le premier modèle de Louis Cyr, c'est le grand Joseph Trudeau, le forgeron de Saint-Cyprien de Napierville», affirme Ohl.
En outre, Paul Ohl croit que l'importance accordée à la force physique est un facteur majeur. «Dans ce temps, la démonstration de force est devenue une vertu cardinale. C'est ce qui élevait un homme au-dessus des autres. Dans les chantiers forestiers au XIXe siècle et au début du XXe siècle, 90 % des jeux entre les hommes étaient des tours de force comme le tir au poignet, celui qui levait la bûche la plus lourde. Et 90 % des conversations portaient sur les exploits de force des uns et des autres. On parlait aussi beaucoup de Louis Cyr», a-t-il dit.
Les démonstrations de force attiraient beaucoup de gens fascinés par ces nouveaux Samson. À Québec, Louis Cyr a participé à une compétition de force aux Halles Jacques-Cartier dans Saint-Roch, à Québec, en 1886. L'immeuble a été détruit par le feu quelques années plus tard.
Du côté des haltérophiles, Paul Ohl est d'avis que la présence d'entraîneurs et de lieux d'entraînements à Québec a grandement contribué à développer cette discipline olympique après la Seconde Guerre mondiale.
«La famille la plus forte au monde»
Ils s'appelaient Jean, Paul, Adrien, Lionel, Charles et Antonio Baillargeon. «Ce sont les noms les plus célèbres, les plus glorieux de la région. C'est un phénomène génétique collectif. C'était la famille la plus forte au monde», explique Paul Ohl. «Chacun des frères avait une spécialité. Un déchirait l'annuaire téléphonique de New York. Un autre tirait un autobus avec ses dents et une grippe spéciale à sa mâchoire sur une distance de 10 pieds. Un autre pliait des barres d'acier sur sa nuque, un autre ouvrait un fer à cheval avec ses mains», raconte le biographe de Louis Cyr. Paul Baillargeon, qui a été propriétaire d'un hôtel dans la rue Saint-Vallier à Québec, soulevait d'une main une barre olympique de 321 livres. Le mouvement était un dévissé. «Comme Victor Delamarre, il prenait un cheval pesant entre 900 et 1400 livres avec un harnais spécial et il montait six barreaux dans une échelle», a-t-il dit. Une des soeurs Baillargeon, Géraldine, a également fait des démonstrations de force.
La femme la plus forte du monde
Vers la fin du XIXe siècle, Marie-Louise Sirois, née à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, était considérée comme la femme la plus forte du monde. Elle soulevait un baril de 243 livres. On dit qu'elle pouvait retenir deux chevaux à la manière de Louis Cyr. Elle pouvait soulever de terre d'une seule main un poids de 510 livres, selon ce qu'on a raconté. Elle mesurait 5 pieds 10 pouces et pesait 185 livres. Elle a fait des démonstrations de sa force dans plusieurs villes aux États-Unis et au Canada.
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Des haltérophiles de renom
Des années 40 aux années 70, l'haltérophilie comptait bien des adeptes dans la capitale. «Les principaux étaient à Québec. lls s'appelaient Yvon Chouinard, Maurice Daigle, Jules Sylvain, Marcel Bédard et Claude Hardy. Tous ces gens ont été classés au niveau mondial dans cette discipline. Certains sont allés aux Jeux olympiques», dit Paul Ohl. Avec le dopage des haltérophiles dans les pays de l'Est, la pratique de cette discipline olympique a fortement diminué au Québec dans les années 70.
Une classe à part
Il ne fait aucun doute que Louis Cyr se situait dans une classe à part, selon Paul Ohl, bien que certaines performances d'hommes forts au cours des dernières années ont dépassé celles du célèbre homme fort. À son avis, l'emploi de produits dopants et d'autres pour ajouter de la masse musculaire a changé la donne. «Si vous voulez comparer des pommes avec des pommes, vous pouvez ôter tout de suite 30 % du poids à la prestation du gars d'aujourd'hui pour comparer avec Louis Cyr. Le gars d'aujourd'hui n'a pas la même intégralité physique que Louis Cyr avait.»
Le dévissé de Victor Delamarre
En 1914, Victor Delamarre a soulevé au-dessus de sa tête, d'une main, un poids de 309 livres et quart, soit environ deux fois son poids, qui variait entre 155 et 170 livres. Le mouvement était un dévissé, différent de celui effectué par Louis Cyr, qui avait soulevé 273 livres et quart lors d'une démonstration à Londres.
«Louis Cyr était le seul à être capable de faire ce mouvement. D'une seule main, il amenait le poids de terre à légèrement au-dessus du genou. Après, il l'amenait à l'épaule et il le poussait plus haut sans pratiquement bouger la position de son corps. Pour un dévissé, les gens prennent le poids à deux mains, l'amènent à l'épaule et le soulèvent d'une main par la suite en penchant leur corps. Si Victor Delamarre avait utilisé la méthode de Louis Cyr, il aurait peut-être passé 200 livres seulement», explique Paul Ohl.