La radio pour rassurer les Méganticois

Manon Bisson est la directrice générale et animatrice de la station CJIT-FM 106,7. Lac-Mégantic c'est «sa ville» au même titre que les citoyens qu'elle dessert.

«Nous sommes ici pour vous informer, chers citoyens.»


Ce message, Manon Bisson l'a répété maintes et maintes fois depuis samedi. La directrice générale et animatrice de la station CJIT-FM 106,7 de Lac-Mégantic était à Ottawa samedi, lorsqu'elle a appris la tragédie.

La petite équipe d'à peine quatre personnes a reçu une demande de la municipalité de l'aider à communiquer avec les citoyens dans les heures qui ont suivi l'incendie.

«Les gens n'avaient plus d'électricité. Quand il n'y a plus de télé, ni d'Internet, il reste la radio», lance-t-elle. Mais la tâche était ardue. La station de la rue Laval était située dans le périmètre de sécurité et n'avait pas d'électricité. On a travaillé fort. Il a fallu convaincre les policiers et se dénicher une génératrice», ajoute Mme Bisson.

«Notre but, c'était de rassurer les gens et leur dire que toute l'information qu'ils avaient besoin, on leur donnerait. Où ils doivent aller et ce qu'ils doivent faire. On les garde informés pour qu'ils demeurent fonctionnels.»

Émission spéciale

C'est ainsi que la programmation habituelle, comprenant des émissions préenregistrées entrecoupées de musique, a été transformée en émission spéciale quasiment en continu.

«Hier [mercredi], j'ai fermé le micro vers 10h pour revenir à un horaire un peu plus normal et le téléphone s'est mis à sonner pour nous demander de revenir en ondes», s'est-elle étonnée.

Les médias nationaux s'attardent sur l'évolution des recherches et les causes de l'accident. CJIT va un peu plus loin, en donnant des renseignements utiles au quotidien. «Les gens de Montréal n'ont pas besoin de savoir que les résidants de Lac-Mégantic doivent faire bouillir leur eau deux minutes», commente Michel Brochu, directeur des ventes de la station.

Service à la population

«Nous sommes revenus au volet plus communautaire de la radio. Celui où tout le monde appelle pour offrir des services ou donner des informations», se réjouit-il. Un genre de catalyseur de l'information locale. Au moment où Le Soleil était sur place, Canadian Tire annonçait qu'il offrait des caisses d'eau gratuites. Un autre entrepreneur offrait un liquide pour laver les résidus causés par l'incendie.

«Sa ville»

Au cours de la semaine, les lignes ouvertes ont aussi servi d'exutoire aux citoyens touchés par le drame et à ceux de l'extérieur qui désiraient transmettre des mots d'encouragement.

Manon Bisson habite Lac-Mégantic. C'est «sa ville» au même titre que les citoyens qu'elle dessert. Dans les circonstances, le travail faisait ressortir des sentiments de tristesse.

«Je me disais que si j'avais à être émotive, je le serais.» Elle prend en exemple la première page d'un quotidien qu'elle a ouvert sur son ordinateur alors qu'elle était en ondes et sur laquelle apparaissaient les visages de personnes disparues. «J'ai eu un choc. Mais quand je suis sur le point de craquer, je ferme le micro», explique l'animatrice, qui a perdu des proches dans l'incendie.