Transport de pétrole de l'Ouest à Lévis: des citoyens veulent savoir

Les citoyens Louis Robitaille, Karine Levesque et Nathalie Samson n'ont rien contre le transport du pétrole par train. Ils désirent simplement être informés sur le projet et ses risques inhérents.

Des citoyens de Lévis veulent obtenir une rencontre publique avec les dirigeants de la raffinerie Jean-Gaulin et du CN, afin d'en savoir davantage sur le projet de la compagnie Énergie Valero visant à transporter du pétrole de l'Ouest par train jusqu'à ses installations de la Rive-Sud de Québec, dès la fin de l'été.


Le Soleil a rencontré des résidents du secteur Saint-David qui habitent près de la voie ferrée qui doit apporter l'or noir de l'Ouest vers la raffinerie de l'entreprise Énergie Valero, mieux connue sous le vocable de raffinerie Ultramar dans la population. En marge de la catastrophe de Lac-Mégantic, ces gens sont inquiets de savoir qu'entre 1500 et 2100 wagons de pétrole passeront tout près de leur domicile, chaque mois.

Louis Robitaille se rappelle que lorsqu'il a décidé de s'installer dans ce quartier avec sa famille, en 2007, la raffinerie prévoyait acheminer éventuellement du pétrole par pipeline jusqu'à Montréal. L'oléoduc est en fonction depuis janvier, ce qui a réduit de façon considérable le nombre de voyages de l'Ultratrain entre la raffinerie et la métropole. M. Robitaille constate donc qu'avec cette décision d'Énergie Valero, la valse des locomotives et des wagons se poursuivra à quelques dizaines de mètres de chez lui.

«C'est sûr que quand on se fait dire qu'il n'y en aura plus [des trains], et que finalement, ça augmente, c'est tannant un peu», lance Nathalie Samson, la voisine de M. Robitaille.

Mme Samson, M. Robitaille et la conjointe de ce dernier, Karine Lévesque, affirment d'emblée qu'ils ne sont pas contre le transport du pétrole par train.

«Du pétrole, on en a tous besoin. On en a tous besoin dans nos chars. Pour l'économie, c'est important le pétrole», ajoute Mme Samson.

Ils veulent seulement obtenir des renseignements clairs sur les mesures qui seront prises pour rendre cette opération sécuritaire. Est-ce que les wagons utilisés par le CN pour apporter le pétrole sont conçus pour limiter les risques de fuites, en cas de déraillement? À quelle vitesse les convois vont se déplacer près des quartiers résidentiels de Lévis? Les trois estiment qu'une rencontre publique d'information impliquant les gens de la raffinerie, du CN et de la Ville de Lévis pourrait être le forum idéal pour informer la population sur toutes ces interrogations.

«Ultramar [Énergie Valero], je pense que c'est une bonne compagnie. Je pense pas qu'il y aura du laisser-aller dans leurs affaires», lance pour sa part Mme Lévesque.

Plus d'information

«Moi, ce que je veux, ce sont les faits, enchaîne-t-elle. On a seulement besoin de plus d'information. Quel type de pétrole va-t-il y avoir dans les wagons? Est-ce que ce sont des wagons qui datent de je sais pas quand, ou des wagons à doubles parois?»

Pour M. Robitaille, c'est la vitesse des convois qui le dérange davantage. Certains soirs, quand le train approche, il a parfois l'impression que le conducteur freine à la dernière seconde. Les wagons s'entrechoquent, ce qui cause beaucoup de bruit. Il affirme avoir déjà cru que le train aller dérailler, en pareilles circonstances.

«Quand les trains partent de la raffinerie, je suis pas trop inquiet, car ils ont pas le temps de trop prendre de la vitesse. C'est quand ils arrivent que la vitesse m'inquiète. Un déraillement à 1 km/h, ça peut pas exploser autant que si le train de déplace à 50-60.»

Une autre résidente de ce quartier, Valérie Marquis, abonde dans le même sens que ses voisins. Elle voit d'un bon oeil l'organisation d'une telle rencontre publique.

«Depuis qu'on habite ici, on a jamais eu d'information là-dessus. J'ai confiance au CN, mais vous savez, il y a un parc à côté de la voie ferrée où les enfants jouent.»

Le drame de Lac-Mégantic a suffisamment dérangé Mme Marquis pour qu'elle prenne la peine d'écrire au député fédéral Steven Blaney, à la compagnie Ultramar et à la Ville de Lévis pour leur faire part de ses inquiétudes sur le transport de pétrole par train effectué près de son domicile.