MMA touchée par quatre incendies depuis 2005

«Nous avons suivi des formations avec MMA et c'est ce qu'ils disent de faire lorsqu'il y a un feu comme celui de vendredi», insiste le responsable des incendies à Nantes, Patrick Lambert.

Le chef pompier de Nantes connaît bien Montreal, Maine and Atlantic Railway (MMA). Vendredi soir, c'était le quatrième incendie depuis 2005-2006 qui se produisait sur une locomotive au moment où un convoi traverse le village. Comme les fois précédentes, il jure avoir suivi le protocole d'intervention à la lettre.


<p>Le chef pompier de Nantes, Patrick Lambert</p>

Le chef pompier de Nantes, Patrick Lambert

(Le Soleil, Jean-François Néron/Le Soleil, Jean-François Néron)

Patrick Lambert a donné sa version des faits au Soleil, lundi, sur l'incendie qui a touché la locomotive de tête alors que les wagons étaient stationnés le long de la route 161, à environ 11 kilomètres de Lac-Mégantic.

L'appel 9-1-1 est entré à 23h32. Il a fallu deux minutes pour que la centrale avise le service des incendies de Nantes. À 11h42, 12 pompiers étaient sur place avec les camions nécessaires à l'intervention. À cet instant, aucun employé de MMA ne se trouvait sur les lieux, précise M. Lambert.



«Le feu était localisé dans la locomotive de tête. On parle d'un feu de moteur, relate-t-il. La cause serait un bris mécanique. Probablement la rupture d'une ligne de fuel ou d'huile. Le feu sortait quand même d'une bonne hauteur au-dessus de la cheminée du train. On a été obligés de couper l'alimentation du moteur pour l'éteindre.»

Cette dernière information a fait l'objet de bien des questionnements depuis la tragédie de samedi, du fait qu'une coupure de moteur peut entraîner le relâchement des freins, ont expliqué des experts. Mais pour le directeur des incendies, son équipe a agi correctement.

«Nous avons suivi des formations avec MMA et c'est ce qu'ils disent de faire lorsqu'il y a un feu comme celui de vendredi», insiste le responsable des incendies.

À 0h12, l'intervention était terminée. Les sapeurs ont alors communiqué avec le centre de contrôle de MMA à Farnham pour les aviser de la situation. Les pompiers se sont assuré que des représentants de l'entreprise se rendent sur place avant de partir.



«Ils ont fait les vérifications avec mon officier et ils nous ont donné le droit de partir. Nos pompiers ne quittent jamais les lieux tant que le propriétaire ou son représentant ne sont pas là pour prendre le site en charge. »

Le directeur n'a pas voulu se prononcer sur la question de freins. Ses commentaires se bornent à l'intervention faite par ses hommes. «Nous, on n'est pas pas spécialistes en train. Notre job, c'est d'éteindre des feux. »

Cependant, il dit ne pas comprendre pourquoi aucun employé de MMA n'est resté sur place après le départ des sapeurs. «Moi, j'appelle ça laisser un train à l'abandon. C'est là que ce n'est pas sécuritaire.»

Pas la première fois

Depuis que MMA est propriétaire du tronçon, c'est le quatrième accident du genre qui survient. Chaque fois, le feu prend dans la locomotive.

Le précédent événement s'est produit l'été dernier. »J'ai vu le train passé dans le village avec le feu qui sortait de la cheminée. J'ai moi-même appelé le 9-1-1. Par la suite, j'ai su que le chauffeur à bord était au courant et voulait s'arrêter dans une zone non habitée. Cette fois, le feu s'est éteint par lui-même. Mais les deux autres fois, il a fallu qu'on y aille. »



M. Lambert avoue qu'il sera nerveux à l'avenir de voir passer les trains de MMA. »Je pense qu'il y a des mesures qui peuvent être prises pour rendre le transport plus sécuritaire", conclut-il.

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Pas un citoyen corporatif exemplaire

Le maire de Nantes, Sylvain Gilbert, décrit la Montreal, Maine and Atlantic Railway (MMA) comme un citoyen corporatif qui pourrait faire plus pour améliorer la sécurité sur rails.

«Il y a un an, on revoyait notre plan de sécurité civile. Une de nos deux plus grandes craintes, c'était la voie ferrée. Les malheureux événements se sont réalisés... dans la municipalité voisine.»

M. Gilbert est encore choqué de la tragédie de samedi. Surtout que, pour plusieurs, des éléments semblent tendre vers une négligence de l'entreprise. Au fil des ans, certains indices laissaient pourtant présager que MMA pouvait gérer le transport sur rail de façon plus sécuritaire.

«Le réseau n'est pas jeune. Dans le temps où c'était le Canadien Pacifique, il y avait beaucoup plus de gens pour l'entretien. Là, il y a moins d'effectifs», lance le maire.

Il donne aussi en exemple une situation toute récente où la municipalité a effectué des travaux à un passage à niveau et a demandé à l'entreprise de les compléter sur la portion de terrain qui lui appartient. Des travaux ont bel et bien été faits, mais au mauvais passage à niveau. Pour M. Gilbert, c'est un exemple de gestion déficiente de l'entreprise.

«Ils ont du chemin à faire», laisse-t-il tomber.