Spectacle aérien de Bagotville: la Québécoise qui marche sur les ailes

Carol Pilon

Lorsqu'elle avait 22 ans, Carol Pilon, de Masham, dans l'Outaouais, voit une publicité télévisée dans laquelle quelqu'un marche sur une aile d'avion. Ç'a été le coup de foudre!


«Je suis alors tombée amoureuse instantanément de ça», dit la menue jeune femme qui a des airs de l'actrice Julianne Moore. «Faut croire que ça va bien, car ça fait 12 ans que je fais ça, et je suis toujours là!»

Celle que l'on a vue samedi au Spectacle aérien international de Bagotville gagne en partie sa vie à marcher sur les ailes d'un avion biplan Boeing-Stearman 1940 rouge, baptisé Royal Rhapsody. On pourra voir encore dimanche celle qui a fondé sa propre entreprise, Third Strike.



Il faut avoir du courage pour faire ça, même si elle est attachée avec une courroie de sécurité. Dans le pire des cas, où elle perdrait le contrôle et glisserait de son aile, elle pourrait terminer le vol couchée sur l'aile et n'avoir que les pieds qui touchent par terre lors de l'atterrissage. «Au moins, ma colonne vertébrale serait épargnée et j'aurais la vie sauve. Les pieds et les jambes, ça se répare...» ajoute-t-elle.

Quelle sensation peut-on avoir lorsqu'on marche sur une aile? «On se sent comme Superman!» explique Carol Pilon. «C'est un peu drôle à dire, lorsque je marche sur une aile, je me sens comme chez moi.»

Carol Pilon a une impressionnante feuille de route et a cumulé une foule de premières. En plus d'être la seule personne au Canada à marcher sur des ailes, Carol Pilon a été la première et la seule femme à marcher sur les ailes d'un jet, un T-38 Talon. Elle a aussi réalisé le premier et le deuxième vol sur des ailes en hiver dans le Maine. Elle peut aussi le faire de nuit et avec des pièces pyrotechniques.

Elle possède également les qualifications pour conduire des camions à 18 roues. «Pas le choix, quand je finis un spectacle, je remballe l'avion dans mon camion-remorque et je vais à mon prochain spectacle. Je fais ça toute seule.» Son pilote arrive et part du spectacle par les lignes aériennes.



Lorsqu'elle arrive à un spectacle, elle requiert toujours l'aide de trois bénévoles. «Ici [à Bagotville], c'est super. À peu près tous les gars ici sont des mécaniciens ou des techniciens qualifiés.»

Cette année, sa saison a été réduite de moitié en raison des coupes budgétaires de la défense aux États-Unis. Elle fait seulement quatre spectacles aériens au Canada seulement.

Bientôt pilote...

Bien qu'elle possède deux avions et qu'elle soit certifiée comme mécanicienne d'aéronefs, Carol Pilon ne pilote pas. Pas pour le moment. «J'ai commencé à faire mes cours il y a quelques années, mais je n'ai pas complété ma licence de pilote. Je m'y mets d'ici la fin de l'été», affirme-t-elle. Et comme si ce n'était pas assez, elle est aussi parachutiste.

Parlant de pilotes, elle a contribué à former une dizaine de pilotes pour la marche sur les ailes. N'est pas pilote pour les marcheurs sur les ailes qui veut, comme Marcus B. Paine, son pilote au Spectacle aérien international de Bagotville. «Le wingwalking, c'est un style de vol différent», explique Carol Pilon. «Le pilote n'est plus tout seul, il doit compenser pour le poids supplémentaire sur une aile. On fait une équipe. Autant c'est moi qui suis le boss au sol, c'est lui qui a le contrôle dans les airs.»

Est-ce que ça lui arrive d'avoir peur? «Je n'ai jamais eu peur, mais dans mes premières années, certaines situations m'ont "ramenée". Ça a été des rappels assez subtils», conclut-elle.



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Une première journée sous le soleil

Le Spectacle aérien international de Bagotville aurait attiré samedi au-délà de 50 000 visiteurs sous un ciel bleu, selon son président, le lieutenant-colonel Louis-Henri Rémillard. «On est extrêmement satisfaits de cette première journée», a déclaré l'officier. Il a toutefois précisé qu'il était difficile d'arriver à un chiffre exact, étant donné la gratuité de l'événement. Les organisateurs se sont fiés au nombre de voitures et aux véhicules récréatifs stationnés à la base de Bagotville. En plus des différentes prestations, on a même eu droit à une demande en mariage en direct à un pilote par sa fiancée. Un avion tirait une banderole avec la fameuse demande. Finalement, M. Rémillard a ajouté que le transporteur Intercar avait réussi à noliser trois autobus à partir de la gare de Sainte-Foy et qu'un était déjà complet pour dimanche.