S'il apparaît clairement, comme partout ailleurs, que les lieux de culte portneuvois ne pourront tous être maintenus dans leur vocation d'origine, la région espère éviter le pire en misant sur la création d'une dynamique de sauvegarde des monuments religieux.
Fusion des paroisses, diminution du nombre de prêtres et de pratiquants, précarité des fabriques, détérioration des bâtiments, «chacune des 20 églises du territoire connaît actuellement sa part de difficultés», confirme l'agente de développement culturel de la MRC de Portneuf, Marie-Claude Demers.
Réunies à l'occasion d'une journée de réflexion ouverte à tous, une centaine de personnes se sont penchées sur les différentes solutions envisageables pour recycler ces lieux de rassemblement afin qu'ils puissent répondre, dans un premier temps, aux besoins des communautés locales ou à ceux de la région.
«Il y a des bâtiments vides à côté de besoins à long terme manifestés par la population. Le problème, c'est que les gens ne se parlent pas. Il faudrait peut-être qu'il y ait un comité de veille permanent chargé de privilégier la réutilisation des églises plutôt que l'érection de nouvelles constructions», a proposé Denis Boucher, chargé de projet au Conseil du patrimoine religieux du Québec.
En attendant le dépôt du Plan directeur immobilier du diocèse de Québec, lequel viendra «identifier les bâtiments excédentaires», les organisateurs du rendez-vous qui s'est tenu sur le thème Nos clochers, notre région souhaitent se préparer au ressac en favorisant une concertation.
Sortir des sentiers battus
«S'il n'y a plus de culte, il sera nécessaire d'aller chercher les jeunes. Et on ne peut pas avoir le même genre de projet partout», a plaidé l'historien et photographe Pierre Lahoud. «Tout le monde pense à une conversion en bibliothèque, en musée, en espace multifonctionnel, mais ce n'est pas assez imaginatif : il faut sortir des sentiers battus, c'est essentiel pour la sauvegarde.»
L'historien évoque l'installation de l'École de cirque de Québec dans l'ancienne église Saint-Esprit du Vieux-Limoilou, appuyé par un participant qui présente l'exemple du mur d'escalade qu'abrite aujourd'hui l'église Saint-Raymond à Gatineau.
En ce qui concerne la gestion des espaces, bien que l'acquisition des lieux de culte par les municipalités soit un phénomène en augmentation au Québec, la mise sur pied de corporations, de fondations, ou même de fiducies d'utilité sociale constitue, selon les spécialistes, une piste à explorer.
«Il faut savoir que la création d'un organisme à but non lucratif permet de recevoir certaines subventions et d'émettre des reçus pour fins d'impôt», fait valoir en terminant le chargé de projet du Conseil du patrimoine religieux du Québec.