Motos: Québec resserrera l'accès à la conduite

Les apprentis motocyclistes n'auront bientôt plus besoin d'être accompagnés pour prendre la route. Par contre, ils seront soumis à la règle du zéro alcool et à un couvre-feu du coucher au lever du soleil. La visibilité de tous les conducteurs sur deux roues sera également améliorée.


Le Comité moto - sécurité routière, mis en place en 2010 par la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) et appuyé par le Front commun motocycliste (FCM), a rendu public un premier rapport, lundi. Sur 10 recommandations, quatre concernent l'accès à la conduite et la formation des motocyclistes.

Il a ainsi été décidé de retirer l'obligation pour un apprenti d'être accompagné d'un autre motocycliste pendant la phase d'apprentissage de 12 mois. Les membres du comité concluent que «l'efficacité de cette mesure n'a pas été démontrée». Comme certains apprentis ne peuvent pas compter sur des proches capables de manier le guidon, ils n'ont pas l'occasion de mettre rapidement en pratique les notions apprises pendant le programme de formation obligatoire. Celui-ci compte déjà 22 heures sur 36 consacrées à la pratique sous la supervision d'un instructeur qualifié.



En contrepartie, les règles seront resserrées pendant cette phase d'apprentissage. À l'interdiction d'embarquer des passagers, qui s'applique déjà, il est suggéré d'ajouter l'interdiction de consommer la moindre goutte d'alcool. Comme les camionneurs professionnels, il faudra aussi faire la preuve d'un bon dossier de conduite (moins de quatre points d'inaptitude et pas de révocation de permis deux ans auparavant) pour aspirer à la conduite d'une moto.

Enfin, le Québec suivra le pas des autres provinces canadiennes et imposera désormais un couvre-feu aux apprentis motocyclistes, qui ne pourront rouler entre le coucher et le lever du soleil.

La piste d'un accès graduel aux motos dites «à risque» est étudiée, mais il faut encore préciser quelles cylindrées entrent dans cette catégorie. Le FCM réclame qu'on tienne compte aussi de l'expérience du conducteur. Cela fait un autre terme à définir.

La révision du programme de formation est également enclenchée avec pour objectif d'améliorer la maîtrise du contrebraquage, des techniques de freinage et des techniques en courbe.



Pour être plus visibles, les motocyclistes auront également la permission de rouler avec leurs feux de route - les «hautes» dans le langage populaire - en plein jour. Il leur sera également possible d'ajouter des feux d'appoint. Obligation sera faite de porter une protection visuelle, sous forme de casque ou de lunettes. Le port de vêtements de protection sera recommandé, mais pas obligatoire.

Le ministre des Transports, Sylvain Gaudreault, a fait savoir lundi qu'il endossait toutes les recommandations du Comité moto. Les ajustements ne nécessitant pas de modifications législatives seront faits à court terme. Les autres recommandations pourront être appliquées «d'ici 2016». Tant qu'à rouvrir le Code de la sécurité routière, il est de coutume de corriger plusieurs irritants à la fois.

Pour Éric Lessard, président du FCM, ces recommandations, toutes pertinentes, auraient dû être mises en place «hier». «Les choses avancent, mais à pas de tortue», soupire-t-il. L'échéance de 2016 lui apparaît démesurée pour des modifications «somme toute mineures».

Le représentant des motocyclistes déplore que tout le volet de l'environnement routier n'a pas été touché encore. Les questions de garde-fous «guillotines», de chantiers routiers mal annoncés et de peinture glissante devront être rediscutées avec le ministère des Transports. «Le dossier moto, c'est 150 000 personnes au Québec. Ce n'est pas un dossier à haute visibilité pour les politiciens», analyse M. Lessard.

Du côté de la SAAQ, le porte-parole Gino Desrosiers fait valoir qu'un rapport consensuel met souvent plus de temps à aboutir et assure que la mise en application des recommandations est commencée sauf pour les mesures nécessitant des changements législatifs.

En 2011, il y a eu 1837 victimes en moto, dont 39 sont décédées, tout comme en 2010. Le nombre de victimes a tendance à diminuer au fil des ans malgré une hausse du nombre de véhicules immatriculés. C'est le cas aussi pour le bilan routier général.