Patrimoine de Sillery: Christine St-Pierre appuie les communautés religieuses

L'ex-ministre de la Culture Christine St-Pierre juge que l'État et la Ville de Québec n'ont pas les moyens d'acheter les terrains patrimoniaux des communautés religieuses de Sillery.

Le gouvernement du Québec doit absolument respecter la volonté des communautés religieuses de Sillery et leur permettre de vendre leurs terrains patrimoniaux au prix du marché, tranche l'ex-ministre de la Culture Christine St-Pierre.


À moins que le Parti québécois ne trouve une «solution magique», la députée libérale d'Acadie juge que l'État ou même la Ville de Québec n'ont pas les moyens d'acheter le terrain très prisé pour empêcher la construction de projets immobiliers comme le souhaitent plusieurs groupes de pression et nombre de citoyens.

C'est sous l'ancien gouvernement libéral qu'avait été élaboré le cadre de gestion pour les grandes propriétés de l'arrondissement historique de Sillery. À la suite de l'entrée en vigueur de la nouvelle Loi sur le patrimoine culturel l'automne dernier, ce document a été remplacé par un plan de conservation. Les consultations publiques qui se sont tenues au cours des derniers jours visaient à sonder la population sur les améliorations à y apporter avant son adoption finale.

Selon Mme St-Pierre, le Plan de conservation aurait dû respecter en tout point son prédécesseur, puisque les promoteurs immobiliers l'ont utilisé pour élaborer des projets permettant un «développement réfléchi». Ceux-ci déplorent que les règles du jeu aient changé sous le nouveau gouvernement du Parti québécois, qui leur a aussi imposé un moratoire.

«On avait une formule qui n'était probablement pas parfaite, mais qui faisait en sorte que l'on donnait une nouvelle vie à ces endroits-là en respectant le cadre naturel et la valeur historique [...] Je pense que tout le travail qui a été fait antérieurement ne doit pas être jeté à la poubelle. Les promoteurs ont travaillé de bonne foi avec nous», fait valoir la députée.

Projet plus ambitieux au départ

Elle explique notamment qu'à l'origine, le projet du Domaine Sous les Bois sur les terrains du Collège Jésus-Marie et du Domaine Benmore «était beaucoup plus ambitieux» que celui des 330 unités présenté récemment. «On les a fait reculer à plusieurs reprises», souligne-t-elle.

L'ancienne ministre applaudit au passage la démarche des quatre communautés religieuses qui ont pris la parole publiquement pour rappeler à la population qu'elles sont propriétaires des terres et qu'elles ont le droit comme tout le monde d'en tirer le meilleur rendement possible. «Elles l'ont très bien exprimé, les gens qui contestent ce développement-là ont l'impression que les propriétés sont publiques et qu'elles leur appartiennent», souligne Mme St-Pierre.

Cette dernière dit par ailleurs avoir toujours travaillé en étroite collaboration avec le maire de Québec. «J'ai toujours compris que M. [Régis] Labeaume était en faveur du développement dans ce coin-là. Il faisait des pressions, il disait : "ça prend votre plan de conservation." Il n'a jamais demandé à l'État d'acheter», affirme-t-elle. Dans les pages du Soleil du 23 mars, le maire disait avoir réfléchi au dossier et penché désormais davantage du côté des citoyens qui militent pour la préservation du site patrimonial.

Des outils pour jauger la volonté des citoyens

Grâce à des outils économiques, il est possible d'évaluer quel est le montant que la population de la grande région de Québec serait prête à débourser pour conserver intactes les grandes propriétés conventuelles de Sillery.

Selon le professeur titulaire du Département d'économie agroalimentaire et des sciences de la consommation de l'Université Laval, Maurice Doyon, le débat entourant le site met en relief une problématique de recherche intéressante dont les conclusions permettraient d'aiguiller les politiciens quant à la volonté des citoyens de le préserver.

Divers groupes estiment qu'entre 20 et 30 millions $ seraient nécessaires pour acheter les propriétés patrimoniales. Mais avec l'aide d'une enquête dite «expérimentale», les économistes peuvent vérifier la valeur que les gens de Québec leur attribuent en fonction de ce qu'ils accepteraient de se faire enlever des poches.