À deux pour dompter la leucémie

Aubert Caron-Guillemette, 21 ans, a perdu l'usage de ses jambes à la suite de traitements de chimiothérapie contre la leucémie. Son amoureuse, Caroline, est restée à ses côtés même pendant les moments les plus difficiles. Aujourd'hui, ils sont de retour ensemble sur les pentes de ski.

Parmi les quelque 840 personnes qui ont pris part au quatrième Défi ski 12h au profit de Leucan samedi à la station de ski Stoneham, Aubert Caron-Guillemette se démarquait. Après que le jeune adulte de 21 ans eut perdu l'usage de ses jambes à la suite des traitements de chimiothérapie, son retour sur les pentes en uniski représente le triomphe de la persévérance et de l'amour sur la maladie.


À une période de la vie où les amours durent souvent l'espace d'un été, la relation entre Aubert, qui était alors âgé de 15 ans, et sa copine Caroline Dubé a pris tout un virage en 2007 quand l'adolescent a appris qu'il était atteint de leucémie.

«C'est toujours un choc quand on apprend des nouvelles comme celles-là. On n'est jamais préparé à ça. Cependant, moi, dans la vie, j'ai tendance à travailler fort pour réussir, alors je me suis dit: "Je suis là, je l'aime et je veux l'aider à passer à travers"», raconte celle qui venait à peine de fêter ses 16 ans à l'époque. Elle se souvient de sa première année au cégep durant laquelle elle allait rejoindre son ami de coeur à l'hôpital après ses cours, accrochant son souper au passage.



«Caroline m'a énormément aidé. Elle est aussi ma confidente, mon amie. C'est tellement important d'avoir quelqu'un près de soi dans les moments les plus sombres», confie Aubert, qui ne se doutait pas au départ du tournant qu'allait prendre son traitement contre la leucémie.

Réaction rare

«Je recevais un traitement de chimiothérapie intrathécal, c'est-à-dire quatre très fortes doses directement dans le liquide céphalo-rachidien. Malheureusement, la quatrième dose a brûlé ma moelle épinière. C'est quelque chose de vraiment rare, car on m'a dit que la dernière fois qu'on avait vu ça au Québec, c'était 20 ans avant moi. De plus, on m'a dit que si j'avais reçu une dose de moins, je marcherais peut-être encore et que si j'avais reçu une dose de plus, je serais probablement mort.»

Au départ, Aubert s'est retrouvé paralysé jusqu'au cou. «Je n'étais même pas capable d'écrire, mais heureusement après six ou sept mois, j'ai retrouvé des sensations jusqu'à mes abdominaux et je peux maintenant utiliser mes bras normalement. Je ne pourrai jamais utiliser mes jambes, mais ce n'est pas le fait de devoir me déplacer en fauteuil roulant qui me préoccupe, puisque je sais que j'ai lutté avant tout pour survivre», enchaîne-t-il.



Le courageux jeune homme a donc poursuivi ses traitements et sa réadaptation, terminant du même coup sa cinquième secondaire sur une période de deux ans. «Sur deux ans, j'ai été à l'hôpital ou en centre de réadaptation la moitié du temps à raison de périodes variant entre 2 semaines et 104 jours», se souvient celui qui étudie maintenant en psychologie à l'Université Laval alors que sa conjointe travaille comme designer d'intérieur.

Guérison complète

Quand Aubert a atteint l'âge de 18 ans, ses traitements ont pris fin et, en septembre dernier, il obtenait la confirmation que la guérison de sa leucémie était complète. Il a profité de l'occasion pour demander à Caroline de devenir sa fiancée.

La date du mariage n'est pas encore fixée, mais le geste revêt un fort symbole pour le couple qui vient de terminer une lutte de cinq ans contre la maladie. «C'était aussi une façon de souligner la fin de ce long périple, une façon de passer à autre chose, de regarder vers l'avenir», indique la jeune femme, toujours aussi amoureuse de son Aubert malgré les épreuves.

Samedi, pour la 25e fois cette année, Aubert a skié avec Caroline en utilisant l'uniski qu'il a reçu il y a deux ans grâce à la Fondation Rêves d'enfants, un appareil de haut niveau d'une valeur de 8000 $. Les 200 000 $ recueillis samedi par Leucan permettront à l'organisme d'aider d'autres jeunes comme Aubert et leur famille à négocier la pente parfois abrupte qui mène vers la guérison.