Vers une guerre des tarifs sur l'autoroute 20

Orléans Express s'est opposée à la demande de permis de Go Navette qui veut offrir la liaison Québec-Montréal en minibus pour 15 $ à 23 $ le billet.

La concurrence sur l'autoroute 20 s'annonce de plus en plus féroce. Alors qu'un nouveau joueur veut s'implanter pour offrir un service de navette en minibus entre Montréal et Québec à moins de 25 $, la compagnie d'autocars Orléans Express prépare de son côté une offensive majeure qui ferait baisser ses prix de moitié.


Une demande de permis auprès de la Commission des transports du Québec (CTQ) a été déposée la semaine dernière pour permettre à Go Navette d'offrir un service de transport pour 21 passagers entre les deux villes comprenant un accès à Internet et une soute à bagages.

Selon le projet de Mathieu et d'Olivier Hudon, le prix du billet acheté sur Internet varierait entre 14,95 $ et 19,95 $, en fonction de l'emplacement du siège dans le minibus. Ceux qui préféreront l'acheter directement à la gare débourseront un peu plus, soit 22,95 $, pour monter à bord d'un des trois véhicules qui offriraient quatre départs par jour pour chacune des villes.

L'autobus «extrêmement cher»

Les deux frères de Montréal, respectivement âgés de 33 et 27 ans, travaillent sur cette idée depuis plus d'un an et ont multiplié les recherches et les études de marché pour s'assurer de sa viabilité. En partant du constat que l'autobus coûte «extrêmement cher» et que le covoiturage n'offre pas beaucoup de flexibilité, les Hudon ont conclu que Go Navette offrirait une possibilité de choix.

Mais Orléans Express, qui détient l'exclusivité pour la liaison entre la capitale et la métropole, ne l'entend pas de la même façon et s'est opposée dès le lendemain à leur demande de permis. «Ce n'est pas à Orléans Express que l'on s'attaque!» s'exclame Mathieu Hudon au bout du fil. C'est plutôt, dit-il, aux quelque 100 000 utilisateurs des services de covoiturage - dont la moitié seraient des étudiants, selon ses données - qui en ont marre de se sentir obligés de parler au chauffeur ou aux autres passagers pendant le voyage.

Les deux parties feront valoir leurs arguments devant un commissaire de la CTQ lors d'une audience prévue au mois d'octobre. Go Navette devra prouver qu'elle répond aux critères de l'organisme, notamment celui qui stipule que «la délivrance du permis demandé [...] n'est pas susceptible d'entraîner la disparition de tout autre service de transport par autobus ou d'en affecter sensiblement la qualité».

Parts de marché

D'ici là, Orléans Express aura fort probablement diminué ses prix. Selon le vice-président Développement des affaires, marketing et communications pour Keolis Canada, Marc-André Varin, une «grosse offensive» est présentement en préparation pour tenter de se réapproprier le marché perdu ces dernières années au profit du covoiturage, mais également de VIA Rail, qui a récemment revu ses tarifs.

«On voit définitivement une détérioration du trafic par autobus depuis nombre d'années», explique M. Varin. Il assure que le prix des billets, qui est par exemple de 49,40 $ pour un aller simple adulte de Montréal à Québec, pourrait être réduit de 50 % «bien avant 2014 », et ce, sur toutes les lignes que dessert la compagnie dans la province.

Par ailleurs, depuis cet automne, Orléans Express offre aux étudiants la possibilité de voyager les vendredis et les dimanches pour 22 $. Ce prix devait être offert jusqu'en décembre, mais la promotion a été prolongée jusqu'au 30 avril. L'entreprise voudrait maintenant qu'elle soit aussi offerte l'été.

Avec Annie Morin