Aide sociale: «ce n'est pas une refonte», se défend Maltais

Agnès Maltais

La ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Agnès Maltais, a tenu à défendre samedi les nouvelles mesures qui seront appliquées dès le 1er juin pour les prestataires de la sécurité du revenu, refusant de les qualifier de coupes et parlant plutôt de réaménagement.


«Ce n'est pas du tout une refonte de tout le programme d'aide sociale. L'aide sociale, c'est 3 milliards$, alors que ce réaménagement, qui comporte seulement trois mesures, représente environ 20 millions $. En fait, il y a des prestataires qui recevront plus d'argent», a expliqué la ministre en entrevue téléphonique au Soleil.

L'une de ces mesures fait que les nouveaux prestataires de 55 à 58 ans verront leur prestation mensuelle passer de 733 $ à 604 $ en raison de la perte d'une allocation de 129 $ qui visait à compenser les difficultés à trouver un emploi pour ces travailleurs âgés.

Mme Maltais justifie cette nouvelle mesure par les changements du marché du travail au cours des dernières années. «Tout d'abord, le taux de chômage au Québec est maintenant de 7 %. Aujourd'hui, avoir 55 ans n'est plus un obstacle au travail, car les employeurs en veulent, des travailleurs de 55 ans», souligne-t-elle en précisant qu'une allocation de 195 $ liée à des mesures d'aide à l'emploi viendra compenser.

«Tout le monde sera admissible à ces mesures, et on estime qu'il y a de bonnes chances qu'elles débouchent sur un emploi, notamment en raison de notre nouvelle stratégie "Tous pour l'emploi" qui comprend des subventions salariales élargies à toutes les entreprises», poursuit la ministre.

Et pour ceux qui ne réussiraient pas à décrocher un emploi, une fois complétées les mesures qui donnent droit à cette allocation mensuelle de 195 $? «Je prends le pari qu'ils trouveront un emploi. Je pense que ce n'est pas normal de donner 129 $ à quelqu'un pour qu'il reste à la maison», a résumé la ministre.

Quant à l'allocation de 129 $ qui sera retirée à certains parents ayant la charge d'un enfant de moins de cinq ans, la ministre a précisé que seul l'un des membres d'un couple bénéficiaire d'aide sociale subirait cette coupe et que ces personnes seraient également admissibles à l'allocation de 195 $ liée aux mesures d'aide à l'emploi.

Plus de services

«On estime qu'il n'était pas normal qu'on donne aux deux membres d'un couple une allocation pour garder l'enfant. On pense que l'un des deux peut aller en employabilité. Savez-vous que deux jeunes prestataires d'aide sociale de moins de 25 ans sur trois ont des parents qui sont aussi prestataires d'aide sociale? Tous les experts disent qu'il faut briser le cycle de la pauvreté. C'est ce que nous tentons de faire», a poursuivi Mme Maltais.

La ministre fait également remarquer que lors de la mise en place de cette allocation pour les parents d'enfants de moins de cinq ans en 1989, les garderies à 7$ n'existaient pas encore. «Les prestataires d'aide sociale qui ont des enfants peuvent profiter de beaucoup plus de services aujourd'hui qu'à l'époque.

Quant aux coupes dans l'accès aux services d'intervention en toxicomanie avec hébergement (lire l'autre texte), Agnès Maltais les justifie en affirmant que le programme coûtait trop cher pour les résultats qu'il produisait.

Pas de contradiction

La ministre péquiste dit par ailleurs ne voir aucune contradiction entre ces mesures et le fait qu'elle ait dénoncé au cours des derniers jours les coupes du gouvernement fédéral à l'assurance emploi, notamment pour les travailleurs saisonniers. «Vous savez, la majorité des 55 ans et plus qui sont prestataires d'aide sociale ne vivent pas dans les régions et ne sont pas des travailleurs saisonniers.»

Quant aux organismes de protection des assistés sociaux, qui prévoient manifester devant ses bureaux demain, Mme Maltais ne sera pas là pour les accueillir. «Je serai à New York pour une rencontre de l'ONU concernant la violence conjugale. Par contre, ces organismes m'ont contactée et j'ai déjà planifié des rencontres avec eux pour leur expliquer ces mesures.»