Consommation d'alcool: un premier verre... à 11 ou 12 ans

L'imagerie par résonnance magnétique a permis de découvrir que deux régions du cerveau des adolescents grands buveurs contenaient moins de matière grise que le cerveau des adolescents légers buveurs.

Le passage de la petite école au secondaire ouvre les portes des paradis artificiels. Le quart des élèves d'environ 11 ans, 12 ans s'initient alors à l'alcool. Et parmi ces jeunes amants de biberons alcooliques, 10 % boivent tous les mois, 7 % boissonnent toutes les semaines, selon l'Institut de la statistique du Québec (ISQ).


«Cette consommation d'alcool s'est parfois avérée excessive pour certains», remarquent les auteures de l'étude diffusée jeudi, Virginie Nanhou, Amélie Ducharme et Hadi Eid, toutes trois de l'ISQ. «En effet, 40 % des jeunes inscrits en première année du secondaire déjà initiés à l'alcool [...] ont déclaré avoir bu cinq consommations ou plus lors d'une même occasion au cours des 12 mois précédant l'enquête.»

Les chercheuses s'inquiètent particulièrement des plus gros buveurs qui s'offrent des cuites plus d'une fois par année. «Puisque l'organisme d'un adolescent prend plus de temps que celui d'un adulte à éliminer l'alcool, la consommation excessive de cette substance chez les jeunes accroît les risques d'intoxication tout comme le manque de jugement qui entraîne souvent l'adoption de comportements à risque, tels que les comportements violents ou des relations sexuelles non protégées.»



Quoique l'alcool soit la drogue préférée des jeunes, le tabac les attire aussi : 12 % des élèves de première secondaire avouent avoir déjà grillé une clope. Ils sont bien moins nombreux, soit autour de 3,5 %, à s'initier aux univers d'autres substances psychoactives, surtout le cannabis.

Observation intéressante des analystes de l'ISQ : brûler des cigarettes pave la voie vers l'alcool et les autres drogues. «Il semble que la consommation de tabac [...] soit un bon prédicteur de la consommation d'autres substances psychoactives ou de l'adoption de comportements à risque tels que la consommation excessive d'alcool.»

Encadrement familial

Mais un des facteurs influençant le plus le comportement des jeunes demeure l'encadrement familial. «La présence des deux parents biologiques dans le ménage et un statut socioéconomique élevé [ménages plus favorisés] semblent donc constituer, pour les jeunes Québécoises et Québécois inscrits en première année du secondaire en 2011, des facteurs de protection contre l'initiation [au tabac et à l'alcool] et l'adoption de comportements à risque.»



Mais, même dans les ménages dits favorisés, les jeunes ne manquent pas d'exemples de consommation d'alcool, parfois abusive. On l'a lu dans l'édition de jeudi du Soleil, environ 23 % des habitants de la région de la ville de Québec boivent trop selon les normes gouvernementales; pour se qualifier «buveur excessif», il faut avaler cinq consommations d'alcool ou plus, au moins une fois par mois.

La Santé publique locale soulignait que ce taux de gros amateurs de bibine est plus important que dans plusieurs agglomérations urbaines canadiennes. Le directeur général d'Éduc'alcool, Hubert Sacy, tempère : «Honnêtement, c'est un peu surprenant parce que, règle générale, ce sont les régions un peu plus isolées qui ont tendance à être les plus grosses consommatrices d'alcool.»

L'étude de son organisation, réalisée en 2012, n'avait pas établi que la capitale regroupe plus de picoleurs immodérés. «Dans le 418, ce n'était pas pire qu'ailleurs», commente-t-il, faisant référence à l'indicatif téléphonique.

L'ISQ a d'ailleurs souligné que l'on dénombre plus de consommateurs excessifs d'alcool au Saguenay-Lac-Saint-Jean, sur la Côte-Nord et dans le Nord-du-Québec. Vrai cependant qu'avec 22 %, 23 % de soiffards, la capitale est un peu au-dessus de la moyenne nationale.