En chicane, les ex-conjoints peu conciliants demandent donc à un magistrat de les recevoir d'urgence pour trancher le litige. Où iront les petits le 24 décembre? Et le 25? Où aura lieu l'échange des enfants? La chicane annuelle provoque une multiplication des auditions, constate Mélita Boucher, adjointe du juge en chef associé de la Cour supérieure. Les ordonnances de sauvegarde - c'est le nom de la requête d'urgence utilisée - seraient deux fois plus nombreuses qu'à l'accoutumée.
La scène se répète à l'approche des vacances estivales et de la rentrée scolaire, mais c'est en décembre qu'on observe la plus grande concentration.
«Un exercice d'équilibriste»
«Ça arrive tout le temps dans les deux dernières semaines avant le temps des Fêtes.» Et qui dit faste judiciaire dit besoin de personnel pour entendre les suppliques : «C'est sûr que, sachant que chaque année, c'est la même chose, le juge en chef prévoit l'effectif», commente Mme Boucher. «On a des juges qui sont là en renfort.»
«Règle générale, dans le temps des Fêtes, les droits d'accès normaux sont suspendus», enchaîne Me Sophie Gauthier, avocate chez Garneau Verdon Michaud Samson, cumulant plus de 20 ans de pratique en droit familial.
Les anciens amoureux peuvent donc ajuster, dans l'intérêt des enfants, l'horaire des célébrations. Ce n'est pas toujours possible!
Disons que maman a un nouvel amour, un homme qui a aussi des enfants d'une précédente union. Et que le papa des enfants a également rencontré une autre femme...
«Il peut y avoir une désynchronisation.» Si les bibittes du passé n'ont pas été éliminées, on imagine bien la scène de festivité.
«L'autre dit : "Non, je ne m'ajuste pas à ton horaire pour faire plaisir à ta nouvelle blonde!"» Et tout le monde se retrouve en cour, pour qu'un juge décide à leur place des plans des enfants. «C'est vraiment un exercice d'équilibriste.»