Le pont de Québec rouvert après l'intervention des hommes-araignées

Il n'y avait plus d'averses de neige, mais la tempête s'est poursuivie toute la journée, mercredi, sur le réseau routier de la région de Québec. Des bouchons monstres se sont formés sur les deux rives du Saint-Laurent après que le ministère des Transports du Québec (MTQ) eut fermé complètement le pont de Québec à la circulation pour le déneiger.


C'est par mesure de sécurité que le MTQ a ordonné la fermeture du pont de Québec, vers 10h30 mercredi. En raison du réchauffement des températures et du vent, des plaques formées d'un mélange de glace, de neige et d'eau se détachaient alors de la structure métallique et se brisaient sur la chaussée. Les autorités provinciales craignaient qu'elles ne fracassent le pare-brise des véhicules circulant sur le tablier ou qu'elles causent des accidents.

Vers 14h30, sept hommes-araignées sont grimpés dans le vieux pont pour faire tomber les dernières accumulations de neige pelotante. Il leur a fallu quatre bonnes heures pour s'exécuter, leurs déplacements étant compliqués par les enchevêtrements de poutres.

Pendant ce temps, les voitures faisaient la file sur des kilomètres, de part et d'autre du fleuve, pour emprunter le pont Pierre-Laporte, seul lien nord-sud encore utilisable. Dès le milieu de l'après-midi, l'autoroute Henri-IV était complètement congestionnée. À la tête des ponts, dans Sainte-Foy, les travailleurs pressés de rentrer à la maison se mêlaient aux consommateurs venus faire leurs emplettes de Noël. Notre photographe, pris dans le trafic comme tout le monde, a constaté «beaucoup d'impatience» sur la route.

Pour accommoder les résidants de la Rive-Sud, la Société des traversiers du Québec a prolongé son service de navette aux 20 minutes jusqu'à 19h, au lieu de 18h.

Environ 35 000 véhicules circulent sur le pont de Québec chaque jour de semaine. Les camions lourds y sont interdits, mais les autobus de la Société de transport de Lévis (STLévis) y transitent.

Mercredi, le transporteur public devait cueillir 3000 étudiants et travailleurs sur la Rive-Nord pour les ramener à la maison. Les 60 autobus requis ont dû faire le détour par le pont Pierre-Laporte pour ensuite revenir vers les routes 132 ou 116, selon les quartiers desservis. Des doubleurs ont assuré le service sur la Rive-Sud en attendant. «Le retour va être plus long, c'est définitif», prédisait le directeur général de la STLévis, Jean-François Carrier, vers 16h30. Il ne s'est pas trompé.

Le pont de Québec a finalement été rouvert à la circulation vers 18h40. Le trafic a perduré bien au-delà.

Situation exceptionnelle

L'hiver dernier, le MTQ a procédé deux fois au déglaçage du pont Pierre-Laporte. Une situation pour le moins exceptionnelle, puisque cela a été nécessaire seulement deux autres fois au cours des 10 années précédentes.

Mercredi, le porte-parole Guillaume Paradis a aussi utilisé le qualificatif «exceptionnel» pour décrire l'opération sur le pont de Québec, sans pouvoir dire s'il s'agissait d'une première. «C'est similaire, mais beaucoup plus complexe», a-t-il souligné. De fait, l'architecture du pont Pierre-Laporte, avec ses deux câbles porteurs, est relativement simple. Le pont de Québec, lui, offre beaucoup d'emprise à la neige collante.

La multiplication des événements force une question : le ministère des Transports est-il plus prompt qu'auparavant à ordonner des fermetures? Lundi et mardi, une voie avait également été retranchée par mesure préventive pour permettre le déneigement et servir de soupape en cas d'accident.

M. Paradis n'était pas en mesure de dire, mercredi, si le processus de prise de décision a été modifié. Il a plutôt pointé les conditions météorologiques changeantes des derniers hivers.

«La sécurité des usagers a toujours été notre priorité numéro un», a insisté le porte-parole, ajoutant qu'«il n'y a personne au MTQ qui regarde les caméras [de circulation] en trouvant ça drôle».