«J'aimerais que nous apprenions davantage de pays comme le Canada. Nous, Américains, devrions nous demander pourquoi nous sommes le pays où on compte le plus de ce genre de tueries», a expliqué en entrevue téléphonique ce psychiatre qui s'intéresse aux causes et aux conséquences de la violence et qui agit comme consultant auprès du FBI et des services secrets américains.
«Quand on se compare avec des pays comme la France ou le Royaume-Uni, souvent on se fait répondre que ce n'est pas le même contexte, que c'est un autre continent et que le pays n'a pas la même histoire. Par contre, cet argument ne tient pas avec le Canada, qui a une histoire semblable à celle des États-Unis», indique-t-il.
Pas de NRA
«Pourquoi êtes-vous beaucoup plus civilisés, plus matures que nous le sommes sur le sujet des armes à feu?» s'interroge d'ailleurs le psychiatre en parlant du Canada. «Peut-être parce que vous n'avez pas de National Rifle Association (NRA) ou de puissant lobby des armes à feu. Malheureusement, ces gens sont devenus des intimidateurs. Ils intimident la démocratie en investissant beaucoup dans des recours judiciaires et en faisant pression sur les politiciens. Ne laissez jamais ça arriver dans votre pays!»
Pour le Dr Ochberg, il est impossible de traiter d'une tragédie comme celle de Newtown sans aborder la question de l'arme utilisée. «Tu ne peux pas faire la même chose avec un couteau. Dans presque tous les cas, il s'agit d'une arme automatique ou semi-automatique ou encore, comme à Newtown, le meurtrier amène plusieurs armes automatiques ou semi-automatiques et des munitions dans un sac.»
Le psychiatre estime que les armes à feu sont un grand problème. «Plus précisément le fait que nous refusions de nous asseoir et d'en parler! Pourtant, quand il y a une épidémie d'influenza, on s'assoit ensemble, peu importe notre allégeance politique, et on peut parler de ce qui nous menace et tenter de trouver des solutions.»
Profil psychologique
Quant au profil psychologique des individus qui commettent ces crimes horribles, le Dr Ochberg signale que contrairement à la croyance populaire, il y a plusieurs profils différents.
«Dans le cas des tueries en milieu de travail, il peut y avoir des personnes dépressives suite à un congédiement ou alors des hommes jaloux de façon maladive qui se rendent sur le lieu de travail de leur ex-conjointe. Charles Whitman, auteur du massacre de l'Université du Texas à Austin en 1966, avait même une tumeur au cerveau rare qui a joué un rôle dans ses gestes», explique-t-il.
Dans plusieurs cas récents, le Dr Ochberg parle toutefois de cas de jeunes hommes qui commençaient à montrer des symptômes de schizophrénie. «Mais il ne faut pas se mettre à croire que tous les schizophrènes sont violents! Loin de là!» tempère-t-il cependant.
«Par contre, parmi les schizophrènes, il y en a un très petit pourcentage qui sont non seulement violents, mais qui expriment cette violence de façon tellement horrible qu'il devient difficile de ne pas les haïr. Après avoir été traités et lorsqu'ils sont revenus à un état de lucidité, souvent ces gens deviennent suicidaires quand ils se rendent compte de ce qu'ils ont fait», poursuit-il.
Les auteurs de tuerie ne souffrent cependant pas tous de psychoses. «Il y a aussi les psychopathes, qu'il ne faut pas confondre avec les psychotiques. Les psychopathes sont des gens qui n'ont aucune conscience et qui, parfois, veulent mourir en emportant beaucoup d'autres gens avec eux. Dans le cas de la tuerie de Columbine, Eric Harris était vraisemblablement un psychopathe alors que son complice Dylan Klebold semblait plutôt être un jeune homme dépressif», conclut le psychiatre.