Deux heures pour vider la chambre de leur père décédé

Alain Deguire est toujours scandalisé du peu de délicatesse qu'on lui a témoigné à la résidence privée pour personnes âgées où vivait son père.

«Je peux pas croire qu'on fait ça à du monde en deuil. Je peux pas croire.»


Un peu plus d'un mois après le décès à l'hôpital de son père de 78 ans, Alain Deguire est toujours scandalisé du peu de délicatesse qu'on lui a témoigné à la résidence privée pour personnes âgées où vivait son père, Côté Jardins, située dans Sainte-Foy.

Quelques heures à peine après le décès de Roger Deguire, une employée de la résidence a pressé le fils de ce dernier de sortir les biens personnels de sa chambre, qu'il occupait seul, parce qu'un nouveau résidant devait y être logé le jour même, en début d'après-midi.

Cette femme, qui s'est présentée comme une travailleuse sociale de la résidence, a dit à M. Deguire que le contrat signé par son père accordait un délai de deux heures pour évacuer téléviseur, micro-ondes, quadriporteur et autres effets personnels.

M. Deguire était en compagnie de son conjoint et de la conjointe de son père quand l'employée leur a donné cet ordre, dans le hall d'entrée de la résidence.

Alain Deguire était passé chez Côté Jardins pour récupérer la carte d'assurance maladie de son père, et il avait un rendez-vous à 11h au salon funéraire. Il devait être 9h30-10h à ce moment-là, et son père avait rendu l'âme vers 6h30, aux soins intensifs de L'Hôtel-Dieu de Québec. M. Deguire avait notamment passé une partie de la nuit au chevet de son père.

Alain Deguire se rappelle que la femme leur a alors dit : «Vous devez quitter dans l'heure. Vous devez vider la chambre.»

Elle aurait ajouté quelques instants plus tard : «Vous ne partez pas, vous videz tout de suite.»

Renversé par ces propos, M. Deguire a alors expliqué à l'employée que la chambre serait vidée en après-midi, ce qui a d'ailleurs été fait par son frère.

Insistance

Alors que M. Deguire quittait les lieux avec ses proches, la femme n'aurait pas lâché prise et aurait approché la conjointe du défunt pour lui dire que si la chambre n'était pas vidée sur-le-champ, ce serait le personnel de la résidence qui s'en chargerait, et que le tout serait laissé dans le corridor.

Un peu plus tard au cours de l'avant-midi, la même dame a rappelé le fils du défunt pour lui dire qu'il bénéficiait d'un délai supplémentaire, mais qu'elle devrait leur facturer une journée additionnelle.

«C'est ça, vous la chargerez, la journée de plus!» aurait alors répondu M. Deguire.

Profondément frustré par cet épisode, Alain Deguire a porté plainte, quelques semaines plus tard, au commissaire local aux plaintes du CHSLD Côté Jardins, Louis Auger.

Dans le suivi de l'intervention qu'il a effectué auprès de M. Deguire, le commissaire aux plaintes reconnaît que ce délai de deux heures est très serré et qu'il aurait dû «être prolongé de quelques heures».

Selon M. Auger, la direction de Côté Jardins devrait rappeler «au personnel devant appliquer la politique entourant la gestion des départs l'importance du savoir-être et du savoir-faire à démontrer dans des moments où nous sommes devant des événements à forte teneur émotive».

À la suite de toute cette histoire, Alain Deguire espère que les directions des résidences pour personnes âgées vont retirer ces délais trop courts dans les contrats des résidants. Il estime que cette clause est totalement ridicule et peut ainsi créer des situations comme celle qu'il a vécue.

«Avez-vous pensé si ma belle-mère avait été toute seule [pour gérer cette situation avec l'employée]? À 70 ans, qu'est-ce qu'elle aurait fait devant ça?»