Si 99 % des répondants aux coups de sonde de la SAAQ estiment que texter au volant est dangereux, près d'un sur cinq admet du même souffle s'y adonner régulièrement.
Tapocher sur un miniclavier en conduisant est pourtant plus imprudent encore que parler au téléphone cellulaire: de 6 à 12 fois, selon les études, qui ont établi qu'un conducteur en pleine conversation téléphonique multipliait de deux à quatre fois son risque d'accident par rapport à un autre entièrement dédié à sa tâche.
Jean-Marie De Koninck, président de la Table québécoise de la sécurité routière, parle d'une «source de distraction majeure et, malheureusement, les gens ne s'en rendent pas compte», convaincus que le temps passé dans la voiture est une perte qu'il faut rentabiliser.
Depuis 2008, le Québec interdit aux conducteurs de tenir en main un appareil ayant une fonction téléphonique alors qu'ils sont au volant. Le nombre d'infractions inscrites dans les fichiers de la SAAQ va pourtant en augmentant chaque année. Entre 2008 et 2011, le nombre de contraventions signifiées est passé de 18 248 à 56 598.
Les jeunes hommes (moins de 35 ans) seraient davantage délinquants. «Les jeunes ont le texto en excroissance au bout de leurs doigts. De façon générale, c'est omniprésent dans leur vie», constate Johanne St-Cyr, vice-présidente à la sécurité routière à la SAAQ, qui veut augmenter chez eux «la conscience du risque».
C'est donc autant la dangerosité que l'illégalité de cette nouvelle culture technologique, née en même temps que les téléphones intelligents, que la SAAQ veut mettre de l'avant dans sa nouvelle campagne, la deuxième en autant d'années.
Un ministre qui a déjà fauté...
Le nouveau ministre des Transports, Sylvain Gaudreault, a qualifié la pratique d'«inadmissible» en conférence de presse, avant d'avouer qu'il avait peut-être déjà cédé à la tentation à un feu rouge, mais jamais sur la 175, qu'il emprunte régulièrement pour se rendre de sa circonscription de Jonquière à l'Assemblée nationale.
Dans sa publicité télévisée, la SAAQ clôt sur une note dramatique un message quasi humoristique, où l'on compare l'évolution des moyens de communication à celle des moyens de transport. Les publicités radio, destinées à un auditoire anglophone, exploitent davantage les émotions en disant que «chaque lettre peut tuer».
L'organisme gouvernemental propose aussi une solution à ceux qui seraient tentés d'utiliser leur téléphone mobile au volant. La nouvelle application «mode de conduite», conçue pour Android et disponible le 9 octobre, permettra de bloquer les appels et les textos entrant pendant les déplacements. Un accusé de réception sera envoyé à l'expéditeur, spécifiant que la personne est au volant et qu'elle répondra à son arrivée à destination.
Le coroner Yvon Garneau a recommandé au début de l'année que les sanctions pour texting soient majorées pour dissuader les contrevenants. Ni la SAAQ, ni le ministre des Transports n'ont voulu emprunter cette voie, hier, mais personne n'a fermé la porte non plus à un durcissement. «Pour l'instant, c'est pas dans les cartons», a indiqué le ministre Gaudreault.