Avions médicaux: les pilotes remportent une manche

En temps normal, le Service aérien gouvernemental possède deux avions Challenger, le premier étant utilisé comme avion-hôpital, alors que le second est utilisé en relève et sert également au transport du premier ministre du Québec.

N'en déplaise à Québec, la Commission des relations du travail (CRT) refuse de blâmer les pilotes gouvernementaux qui clouent au sol les avions médicaux, prétextant une trop grande fatigue. Quoique le service soit essentiel, rien ne justifie de forcer les aviateurs à bosser durant leur congé hebdomadaire au détriment de la sécurité des patients. Retour à la case départ : les belligérants continueront de s'affronter, devant un arbitre de griefs cette fois.


Le Centre des services partagés du Québec, gestionnaire des ambulances volantes, vient donc de perdre une manche dans sa confrontation avec ses pilotes. La division des services essentiels de la CRT convient que les relations de travail sont tendues au Service aérien gouvernemental. Elle admet également que les employés sont moins coopératifs depuis quelques mois, refusant de plus en plus d'effectuer des heures supplémentaires afin de combler l'horaire. La commissaire Anne Parent ne perçoit toutefois aucune concertation entre les pilotes qui, selon leur employeur, exercent ainsi des moyens de pression illégaux.

Québec alléguait que ses «pilotes d'avions d'affaires ralentissent les activités du Service aérien gouvernemental en refusant, depuis le mois de mai 2012, d'effectuer des heures supplémentaires», explique la juge administrative Anne Parent, dans sa décision rendue publique mardi. Résultat, les appareils ont été cloués au sol à quelques reprises, privant la population de l'avion-hôpital, privant aussi le premier ministre de sa limousine volante.



Effectif serré

Le tribunal observe toutefois un effectif serré et une augmentation du nombre de vols, ce qui justifierait les refus des pilotes : «Ces derniers sont utilisés à leur maximum. [...] Le Service aérien gouvernemental doit pouvoir compter sur un effectif minimal de 21 pilotes. Actuellement, quatre pilotes ne sont pas disponibles en raison de congés de longue durée.» En leur absence, deux occasionnels et un contractuel tentent de combler les trous dans les horaires.

«Le problème se situe essentiellement au niveau de la demande faite aux pilotes d'effectuer des heures supplémentaires lors de leurs journées de congé», souligne

Mme Parent. «Considérant la responsabilité partagée des pilotes à l'égard de leur propre sécurité et de celle de leurs passagers, [...] la Commission retient qu'ils doivent gérer leur temps de repos et par le fait même refuser de voler s'ils ne sont pas aptes à le faire.»

Si les parties ne s'entendent pas rapidement, elles se battront encore en septembre puisque tant le syndicat que l'employeur ont déposé des griefs contre l'adversaire.