L'histoire du dahlia date de la nuit des temps, car les Aztèques cultivaient cette plante indigène du Mexique pour sa racine tubéreuse comestible. D'ailleurs, les premiers dahlias furent exportés en Espagne en 1789 non pas comme plantes ornementales, mais pour les essayer comme légumes sous le climat européen. Mais les Espagnols n'ont pas apprécié leur goût (d'ailleurs, pas plus que la pomme de terre, qu'ils ont aussi rejetée) et la plante a langui dans les jardins botaniques d'Europe pendant 50 ans avant d'être reconnue non pas comme légume, mais comme plante ornementale, cultivée pour ses fleurs en forme de marguerite. C'est d'ailleurs en Espagne qu'on baptisa la fleur sauvage mexicaine Dahlia, pour honorer le botaniste suédois Andreas Dahl.
UNE PLANTE HYBRIDE
Le dahlia qu'on connaît est un hybride complexe impliquant plusieurs des quelque 35 espèces sauvages de dahlia (D. pinnata, D. coccinea et bien d'autres). Il s'agit d'ailleurs d'une plante octoploïde (ayant huit ensembles de chromosomes, soit quatre fois plus qu'une plante normale, donc ayant quatre fois plus de possibilités génétiques). Cela explique, du moins en partie, sa grande diversité de formes, de tailles et de couleurs.
En effet, il existe des dahlias nains de moins de 30 cm de hauteur et des géants de plus de 4 m, des fleurs simples, semi-doubles, doubles et plus encore (on admet normalement 12 catégories de fleurs, dont le dahlia à fleurs d'anémone, le dahlia à collerette, le dahlia cactus [aux rayons très pointus], le dahlia décoratif [des pompons allant jusqu'à 30 cm de diamètre!], et j'en passe!) et toute la gamme des couleurs... sauf le bleu.
On peut dire qu'il y a deux catégories principales de dahlias : nains et standards. Le dahlia nain est vendu comme annuelle, soit sous forme de semences ou en caissette. Sa floraison n'est pas affectée par la durée du jour et il peut donc fleurir tout l'été. À la fin de la saison, on le laisse généralement geler. Ses fleurs sont relativement petites, avec moins de choix de formes, mais offertes dans la gamme complète de couleurs. Aucun tuteur n'est nécessaire.
Le dahlia standard est le grand dahlia qui fleurit à la fin de l'été et à l'automne. Habituellement de hauteur moyenne à grande, il offre toute la gamme possible des formes et des tailles de fleurs. Sa floraison est déterminée par la durée de la lumière : il ne fleurit que lorsque les jours commencent à raccourcir. C'est pour cette raison que le dahlia standard fleurit seulement en fin de saison. On le vend au printemps sous forme de racine tubéreuse (tubercule).
UN ENNEMI À SURVEILLER
Le seul ennemi vraiment notable du dahlia est le perce-oreille (forficule), qui aime bien croquer les fleurs. Par contre, cela n'arrive que lorsqu'il y a beaucoup de perce-oreilles et, depuis quelques années, ces derniers, tout en étant présents dans nos jardins, se sont tenus plutôt tranquilles dans notre région. Si vous ne voyez pas les perce-oreilles manger d'autres végétaux, ils ne dérangeront pas les dahlias non plus. Et tant mieux : s'il existe des dizaines de moyens pour tuer les perce-oreilles, cela n'arrive aucunement à faire baisser la population, car lors d'une épidémie, les insectes tués sont vite remplacés par d'autres.
UNE CULTURE FACILE MAIS DIFFÉRENTE
La culture estivale du dahlia est facile. D'abord, le plein soleil ou seulement un ombrage léger est nécessaire. Il tolère une vaste gamme de sols, mais donnera de meilleurs résultats dans un sol riche et bien drainé. Les grandes variétés, surtout celles à fleurs géantes, auront besoin de tuteurs solides, car leurs tiges sont trop faibles pour supporter leurs fleurs pesantes.
La floraison se poursuit jusqu'à la fin de la belle saison. C'est après le premier vrai gel, celui qui fait noircir leur feuillage, qu'il faut rentrer les tubercules si vous voulez les conserver. Pour ce faire, coupez la tige du dahlia à environ 30 cm du sol, puis arrachez la plante. Vous découvrirez une masse de racines enflées fusiformes fixée à la base de la tige : ce sont les tubercules. Faites tomber la terre et rincez bien les tubercules, puis laissez-les sécher quelques jours. Avec un couteau tranchant ou un sécateur, coupez ensuite chaque tubercule là où il rejoint la tige, prélevant même une petite section de la tige si possible. Le tubercule devrait avoir de petits yeux à son sommet qui deviendront les tiges de l'année suivante. (S'il n'en a pas - on parle alors d'un tubercule borgne -, il ne vaut pas la peine de le conserver.) Supprimez par la suite les racines.
Pour prévenir la pourriture au cours de l'hiver, versez quelques cuillerées de soufre de jardin dans un sac en papier et ajoutez-y les tubercules, brassez comme si vous vouliez les enduire de panure pour bien les en recouvrir.
Autrefois, on hivernait les tubercules de dahlia dans une boîte de carton remplie de vermiculite ou de tourbe, mais la méthode la plus populaire maintenant auprès des dahliaphiles consiste à emballer les tubercules dans un film étirable de type Saran Wrap. Emballez-les et inscrivez le nom de la variété sur le plastique avec un crayon gras. Puis, entreposez-les dans un coin plutôt frais (à moins de 12 °C), mais libre de gel.
Au printemps suivant, replantez les tubercules en pleine terre. Certains jardiniers plantent les tubercules en pot dans la maison, pensant ainsi gagner une floraison plus hâtive, mais en fait, cela ne donne que des plantes plus hautes : c'est la longueur du jour (un facteur hors de notre contrôle) qui détermine le début de la floraison.
Et voilà, c'est tout! Bon succès avec vos dahlias.