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«Vous ne ferez plus d'escalade.» En 2008, le verdict était lourd à porter pour Nathalie Fortin, une femme de 43 ans originaire de Chicoutimi. «J'ai fait une dépression. J'étais une grande sportive, une alpiniste, et j'étais clouée au lit. C'était impossible pour moi de ne faire aucun sport; et là, les spécialistes me disaient que plus jamais je n'allais faire de l'escalade et de la montagne.»
Son dos lui rendait la vie impossible. Même faire une promenade de quelques minutes devenait une tâche colossale. Elle rampait contre les murs, accablée par une usure des disques de sa colonne vertébrale.
Pourtant, tous les soirs, elle grimpait. Dans sa tête. Une visualisation perpétuelle, un voyage sur les grands sommets de la planète. «Ça a toujours fait partie de moi. Pendant les sept ou huit mois que j'étais dans mon lit, chaque soir avant de m'endormir, je me voyais sur la crête sommitale de l'Everest.»
Elle s'imaginait avec son «one-piece rouge», le manteau qu'elle convoitait depuis toujours. «Et je m'en allais au sommet...»
Après avoir fait le tour des spécialistes traditionnels, cette résidante de l'Outaouais a accepté de suivre les traitements de la clinique du dos Zéro Gravité, une entreprise implantée à Québec, à Montréal, à Laval et à Brossard. Le traitement s'annonce long. «J'ai essayé tout ce qu'on connaît, j'ai consulté les bons spécialistes. Je suis passée partout. Moi, j'y croyais. J'étais prête à vendre ma maison...», raconte-t-elle.
Trente-deux traitements
Après 14 séances de réhydratation de ses disques, elle sent une différence. Elle subira 32 traitements avant de se lancer de nouveau dans la pratique sportive.
Premier défi : de la randonnée et de l'escalade à Chamonix, dans les Alpes françaises. Mais l'alpiniste en veut plus. En 2010, elle séjourne aux Gasherbrum 1 et 2, au Pakistan, des pics de plus de 8000 m d'altitude. Elle rate le sommet en raison de la météo chancelante, mais elle dort 40 nuits en montagne. Elle transporte de lourdes charges sur son dos - sans douleur.
Sur une lancée, elle retrouve en 2012 la crête sommitale de l'Everest. Pas celle de ses rêves; la vraie. Le 19 mai, Nathalie Fortin, qui ne devait plus jamais toucher de sa vie à la montagne, atteint le sommet de l'Everest. «Je savourais le processus... de me voir dans mon lit, d'y avoir cru. De croire qu'un jour je remarcherais.»
À 8850 m d'altitude, elle se remémore ses nuits de songe, ses projections. «J'ai jamais lâché la visualisation. Ça a toujours fait partie de moi. J'ai jamais voulu l'oublier.»
Convaincue par la robustesse de son dos, elle compte désormais se lancer à l'attaque du K2 (8611 m), considéré comme la plus dangereuse des ascensions au monde.