D'ici quelques semaines, quiconque voudra accéder au site devra débourser 2 $. Mais les paroissiens de la municipalité pourront bénéficier d'un tarif réduit grâce à un abonnement annuel au coût de 12 $.
«On travaille pour l'oeuvre, le rayonnement du sanctuaire, et les besoins sont criants», explique le conseiller en communication du site religieux Sébastien Laplante.
Des investissements de 25 millions $ seront nécessaires au cours des 10 prochaines années pour réaliser des travaux et ainsi «préserver et mettre en valeur le plus vieux sanctuaire de l'Église catholique en Amérique du Nord», dit-il.
Selon M. Laplante, l'argent provenant des dons, des quêtes et des pèlerins ainsi que le financement en provenance du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine pour les projets de réfection ne suffisent pas.
C'est pourquoi la direction a décidé d'imposer un tarif de 2 $ par personne, pèlerin ou touriste, pour accéder à la douzaine de lieux de sanctuaire, dont le Musée de Sainte-Anne, la Scala Santa, la chapelle commémorative, celle de l'Immaculée-Conception, du Saint-Sacrement ou encore la basilique. Les visiteurs devront également sortir leur huard pour avoir accès aux aires de pique-nique, aux jardins de la fontaine, aux toilettes et au stationnement.
Questionné à savoir si cela pourrait pénaliser les paroissiens, M. Laplante a répliqué qu'il était extrêmement difficile de différencier un habitué de la messe et un touriste. «On règle le problème en demandant une contribution minimum à tout le monde», a-t-il expliqué.
Les modalités de paiement ne sont pas encore établies, mais il est fort probable que la perception se fera à l'entrée du stationnement, a laissé entendre le responsable des communications.
Celui-ci a également tenu à préciser que les résidants de Sainte-Anne-de-Beaupré pourront se procurer un «laissez-passer annuel» au coût de 12 $. Ceux qui n'habitent pas la municipalité pourront également «s'abonner» au sanctuaire, mais au double du prix, soit pour 24 $.
Si le sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré est le seul à imposer des frais d'entrée à tous ses visiteurs, d'autres dans la province font payer les groupes qui voyagent en autocar. C'est notamment le cas à l'oratoire Saint-Joseph depuis quelques années, où chaque passager doit débourser 5 $ pour accéder au site.
Pour le recteur de celui-ci, le père Claude Grou, il n'est pas question de piger dans les poches de la «population locale» qui fréquente le lieu de culte. «On n'est pas pour les charger comme si c'était des touristes de passage», a-t-il soutenu.
La basilique Notre-Dame-du-Cap de Cap-de-la-Madeleine a également modifié sa politique cette année et demandera 50 $ par autobus ou encore 1 $ par passager d'un véhicule de 40 personnes et moins. Selon le porte-parole, Sylvain Lépine, il s'agit d'un virage que doivent prendre les sanctuaires en raison de la hausse du tourisme religieux au Québec. «Pour survivre, il faut faire participer les gens», a-t-il affirmé.
Le terrain de camping du Domaine Sainte-Anne deviendra également payant. Les campeurs débourseront désormais 8 $ par jour pour les roulottes et les véhicules récréatifs et 3 $ par jour pour les tentes.
Silence chez les rédemptoristes
Le sanctuaire appartient à un organisme sans but lucratif composé de laïcs, mais également de pères rédemptoristes, cette communauté religieuse dont fait partie le père Raymond-Marie Lavoie, qui a été reconnu coupable d'avoir agressé sexuellement de jeunes adolescents. Celui-ci fait aussi l'objet d'un recours collectif intenté par l'une de ses victimes.
L'adjointe administrative des rédemptoristes pour la province, Liliane Fournier, n'a pas voulu expliquer s'il pouvait y avoir un lien entre les besoins financiers du sanctuaire et les différents recours judiciaires, soutenant que la cause était toujours devant les tribunaux.