Les Snowbirds en mettent plein la vue... et les oreilles

«J'ai aimé quand les avions faisaient des pirouettes», raconte Nicolas, six ans. Il ne s'en souvient certainement pas, mais ça faisait quatre ans qu'on n'avait pas vu les pirouettes des Snowbirds dans un spectacle aérien à Québec. Et les ambassadeurs de l'aviation canadienne en ont donné tout un, mercredi soir, au nouveau Spectacle aérien des 2 rives.


Le spectacle de mercredi était assez différent de ce à quoi les gens de Québec étaient habitués avec le défunt Festival aérien. Cette fois, le terrain de jeu des oiseaux de fer était le Saint-Laurent, de la pointe de l'île d'Orléans jusqu'aux ponts, avec le Château Frontenac comme point central. Les nombreux curieux postés le long du fleuve en ont eu plein la vue, surtout ceux qui sont parvenus à se trouver un coin dégagé, ce qui n'était pas toujours évident sur la terrasse Dufferin.

C'est un hélicoptère Griffon de Bagotville qui a ouvert le bal, avec une simulation de sauvetage en collaboration avec la garde côtière. «Regardez, là, là, à gauche!» lance un spectateur, alors que s'approchait le CP-140 Aurora, escorté par trois CF-18 de Bagotville. Il s'agissait en fait d'un exercice régulier de la NORAD (Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord) qui s'est déplacé vers Québec pour l'occasion. On croyait l'exercice terminé quand les trois CF-18, sortis de nulle part, sont revenus saluer la foule dans un grand rugissement. «J'ai jamais vu ça!» a lancé Nicolas, tout impressionné!



Ses yeux étaient tout aussi ronds lorsque les Snowbirds sont arrivés, en parfaite formation. «Ça doit être dangereux quand ils se cognent ensemble!» observe-t-il. Ils sont passés tout près de la foule à plusieurs reprises avant de se disperser derrière le Château Frontenac dans un parfait synchronisme.

Les Snowbirds sont dirigés depuis 2010 par la Lt-Col Maryse Charmichael, de Beauport. Elle explique que son équipe a dû s'adapter aux nouvelles réalités des spectacles aériens, qui sont de plus en plus difficiles à organiser près des villes. Québec a d'ailleurs dû y renoncer depuis 2010 en raison de l'augmentation du trafic à l'aéroport Jean-Lesage. C'est pour cette raison qu'ils ont développé le spectacle présenté mercredi, qui comporte moins de culbutes, moins de risques, et qui nécessite une zone protégée beaucoup moins grande.

Ce détail n'a pas échappé aux habitués. D'autres notent en revanche qu'un spectacle comme celui de mercredi a l'avantage d'être gratuit et accessible. Un autre habitué, Yves Dupont, l'a aussi remarqué. Il a vu plusieurs spectacles de Snowbirds... parce que son fils Jean-François en est un! «On est bien fier de lui, il a travaillé fort pour en arriver là», explique M. Dupont, de Neufchâtel.

Un pincement au coeur



«C'est bien certain que ça me fait un petit pincement au coeur», admet Yvan-Miville Des Chênes, sachant que 2012 aurait été la prochaine date pour le Festival aérien de Québec, qui était organisé tous les deux ans. M. Des Chênes a longtemps fait partie de l'organisation.

Il est évidemment déçu, mais il ne peut que comprendre les raisons pour lesquelles la tenue d'un tel spectacle n'est plus possible à Québec. «C'est des raisons logiques pour lesquelles on a arrêté. Le trafic [aérien] a augmenté à Québec», explique-t-il.

Lors des dernières présentations, le spectacle devait sans cesse être interrompu pour laisser la place aux avions commerciaux, et inversement. Le constat s'est imposé de lui-même: l'aéroport Jean-Lesage avait trop grandi.

Un spectacle plus modeste ou sans cesse interrompu aurait été un pas en arrière, explique-t-il. L'organisation aurait pu se rabattre sur un spectacle comme celui présenté mercredi, mais ce genre de présentation, le long du fleuve, rend impossible l'installation d'une billetterie. «Le but, c'était d'avoir une activité qui faisait plaisir aux gens et qui rapportait à la Fondation Maurice-Tanguay», qui s'occupait en retour de l'organisation.