Chirurgie bariatrique: «Ma beauté est un mensonge»

Maryse Deraîche livre un témoignage coup-de-poing sur l'opération qu'elle a subie pour soigner son obésité morbide.

En se mettant littéralement à nu dans un témoignage publié sur le site Internet du magazine Urbania, Maryse Deraîche a décidé de lever le voile sur un sujet tabou: que la chirurgie bariatrique est tout sauf une solution facile pour les personnes souffrant d'obésité morbide. Jeune, grande, belle et blonde, Maryse a voulu montrer ce qu'elle a déjà été: une fille qui pesait 360 livres il y a à peine deux ans...


«Je serai à jamais une personne obèse», affirme Maryse Deraîche sans retenue.  Perdre 215 livres en si peu de temps fait nécessairement des ravages  indélébiles...

«En voyant les photos, certaines personnes ont cru à un canular parce qu'on ne voit pas les photos de moi avant. Mais c'est parce que je ne voulais pas tomber dans le sensationnalisme. Si vous voulez voir de ces transformations extrêmes, vous n'avez qu'à regarder The Biggest Loser à la télé...» partage la Gaspésienne d'origine, qui habite maintenant Québec, en entrevue au Soleil.

Dans le reportage qu'elle signe trônent des images d'elle soigneusement habillée, prenant la pose d'un mannequin qui pourrait faire la première page d'un magazine de mode. Accolé à cela, un texte qui décrit la réalité qui se cache derrière cette jolie parure, un livre à la couverture magnifique, mais dont les pages ont été «fripées, usées, bafouées, pliées, déchirées...»



Puis, au bas du texte, un cliché de cette même dame au regard candide complètement nue, les seins flasques et la peau pendante. «Je serai à jamais une personne obèse», affirme-t-elle sans retenue. Perdre 215 livres en si peu de temps fait nécessairement des ravages indélébiles...

«Depuis mon opération, je reçois des privilèges auxquels je n'avais jamais eu droit avant. Mon garagiste n'a jamais été aussi gentil avec moi... Mais, quelque part, ma beauté est un mensonge. La beauté que l'on voit, ce n'est pas vraiment la réalité», laisse tomber cette technicienne en ressources humaines de 31 ans.

Toute la famille de Maryse du côté maternel se bat contre l'obésité. Elle est d'ailleurs la troisième de ses proches à subir une opération à l'estomac. Avant de recourir à la chirurgie, la pauvre dame a tout essayé: régimes, entraînement, restrictions alimentaires... «Une copine et moi avons fait le test. Nous sommes allées nous entraîner ensemble, nous avons fait le même programme et nous avons mangé exactement la même chose. Au bout de trois mois, elle avait perdu 22 livres, et moi, seulement deux. C'est à partir de ce moment-là que j'ai arrêté de culpabiliser et que je me suis renseignée. Il y a plusieurs types d'obésité, sauf que ça peut aussi être un problème de santé. Et dans mon cas, c'en est un, c'est un problème métabolique.»

Excuse et solution faciles? Loin de là, clame-t-elle. «Lorsque votre intérieur a été brûlé, découpé, rebranché, recousu... Lorsque vous ouvrez les yeux et que la seule chose que vous souhaitez c'est qu'ils se referment au plus maudit parce que la douleur est insoutenable... Lorsque vous avez l'impression qu'un train vous a traîné sur des kilomètres, à ce moment même, vous croyez qu'elle était facile, cette avenue?» écrit-elle dans son témoignage coup de poing.



L'opération qu'elle a subie, c'est une «dérivation biliopancréatique». Bypass gastrique, en langage plus commun. En gros, on lui a reconfiguré toute sa «tuyauterie». Son intestin grêle est maintenant relié directement à son estomac, de sorte que l'absorption des aliments et de ses nutriments se fait moins bien. C'est pourquoi elle a perdu du poids si rapidement et qu'elle ne risque pas de le regagner d'ici peu.

Si Maryse resplendit de bonheur aujourd'hui, malgré les «cicatrices» qu'elle cache sous ses vêtements, le fait d'être maigre n'y est pas pour grand-chose. «Je n'ai jamais été malheureuse. C'est vrai que quand on porte 360 livres sur nos épaules, ça nous amène des limitations, mais j'ai toujours réussi à me forger une vie et j'ai une très grande capacité de résilience. C'est justement pour ça que j'ai été capable d'écrire cet article et de faire ces photos.»

Une vague d'amour inespérée lui est parvenue immédiatement après sa «sortie médiatique». Des gens ont voulu l'appuyer, elle qui espère un jour avoir recours à une autre chirurgie, «réparatrice», celle-là. «Une équipe formidable m'a aidée à mettre sur pied une levée de fonds. Ce n'était pas du tout mon intention, c'est vraiment spontané», assure celle qui rêve aujourd'hui de vivre de sa plume.

Selon la Coalition contre l'obésité morbide, 400 000 Québécois, soit environ 5 % de la population, souffriraient de cette maladie. En raison de la demande qui excède l'offre, le temps d'attente pour une chirurgie est d'au moins trois ans. Une période, selon Maryse, nécessaire pour se préparer à toute éventualité. Car l'apparence corporelle n'est qu'une enveloppe, et tout se passe dans la tête...

Le témoignage de Maryse Deraîche est présenté au urbania.ca/canaux/chroniques/2894/qui-gagne-perd. Elle a également un site Web personnel : reconstruiremaryse.com