Pouvoir au féminin: coeur de mairesse... et de mère

La mairesse de Lévis, Danielle Roy Marinelli

Avant de faire le saut en politique, Danielle Roy Marinelli a attendu que ses deux filles soient au secondaire. Et si c'était à refaire, elle ferait exactement la même chose. Car, s'il y a le coeur de mairesse, il y a aussi, et surtout, le coeur de mère.


«Je suis restée à la maison les premières années que j'ai élevé mes filles.» Mère à la maison, oui, mais aussi étudiante à ses heures.

«J'ai suivi beaucoup de cours pendant que les enfants étaient à l'école.»

Infirmière de profession, Danielle Roy Marinelli a décroché un certificat en gérontologie avant de se lancer en politique en 1991 en tant que conseillère, puis mairesse de Saint-Jean-Chrysostome. Depuis 2005, elle est à la tête de la ville de Lévis fusionnée.

Le fait d'être une femme colore sa gestion. Notamment dans la prise de décisions difficiles. Les femmes, dit-elle, ont la faculté de trancher. «C'est impressionnant combien on a la force de faire ça. Regardez les fusions municipales. Qui a fait ça? C'est Louise Harel. Ça fait partie de nos valeurs, du sentiment que c'est comme ça qu'il faut agir alors on est prêtes à foncer.»

Cette assurance, Danielle Roy Marinelli la puise dans sa «rigueur», dans un sens de l'organisation où la gestion d'une maisonnée prépare à gérer une municipalité.

Elle croit ainsi que son saut en politique «sur le tard» lui a permis d'arriver avec une carapace dont doivent encore aujourd'hui s'armer les femmes. Oui, les choses s'améliorent, les preuves sont moins à faire pour les postes de haut niveau, souligne-t-elle. N'empêche.

«Ça reste plus exigeant pour les femmes. Elles sont toujours observées. On regarde si elles sont bien mises, si elles ont l'air en forme ou pas, si elles sont grosses ou pas.»

Personnellement, Danielle Roy Marinelli admet ne jamais avoir trop senti cet «oeil critique». Et elle a rapidement pris son parti d'être minoritaire. «Heureusement que je n'étais pas dérangée par ça, car il m'arrive souvent d'être la seule femme sur un groupe de 30 ou 40 personnes.»

Conciliation

Autre aspect à considérer lorsqu'il est question de femmes au pouvoir: la marmaille. Même en 2012, la mairesse de Lévis ne s'étonne pas de voir le mariage maternité-politique en freiner plus d'une. «Des femmes qui se donnent à 100% dans leur rôle de mère et à 100% au travail n'ont pas un 100% à donner pour la société. Alors, elles se disent qu'elles pourront y penser quand les enfants seront plus vieux.»

Cette réalité, croit Danielle Roy Marinelli, ne change pas tellement, même si les employeurs sont plus sensibles à la conciliation travail-famille. Elle-même tente de faciliter les choses. «Au conseil municipal, aussi, les demandes d'horaires plus flexibles sont acceptées.»

Mais tous les accommodements du monde ne changent rien à un coeur de mère, dit-elle en substance.

«J'ai rencontré beaucoup d'hommes pour qui il n'y avait que la politique du matin au soir. Les femmes, on n'a pas le goût de ça», soutient celle qui est aussi grand-mère de deux garçons d'un an et demi et de deux mois. Un triple chapeau de mairesse, de maman et de mamie qu'elle porte chaque jour avec bonheur.