La reprise des discussions avec la partie patronale, qui n'était pas à la table de négociations la veille, a amené la Centrale des syndicats nationaux (CSN) à mettre de la pédale douce sur les moyens de pression.
«Les offres sont assez sérieuses pour que nous reportions les grèves prévues demain [jeudi] et lundi et mardi», a dit au Soleil Jeff Begley, de la CSN. «Ils ont fait un dépôt sur l'ensemble de nos priorités. Il y a encore du travail à faire, mais ce sont des avancées sérieuses.»
Pourtant, jusqu'à tard mercredi, le mot d'ordre était toujours que les régions de Québec, de la Chaudière-Appalaches, de Montréal et de Laval devaient prendre la relève du mouvement de grèves dans les CPE affiliés à la CSN.
Ainsi, les parents d'enfants de plus d'une cinquantaine de CPE de la région, qui devaient déjà avoir préparé une solution de rechange, peuvent envoyer leurs enfants à leur garderie habituelle.
Mardi, la menace d'une loi spéciale a plané au-dessus des négociations. Et la partie patronale, incapable d'obtenir des garanties financières suffisantes du ministère de la Famille, a quitté ou s'est fait dire de quitter - selon les versions - la table de négociations.
Les éducatrices souhaitent obtenir une sixième semaine de vacances annuelle après 15 ans de service. Elles souhaitent aussi élargir à chacune d'entre elles les 10 jours de congé personnel et 13 fériés par année, dont 85% des éducatrices bénéficient déjà, indique le syndicat. La CSN s'attend à des augmentations salariales semblables à celles obtenues par les fonctionnaires en 2010.
D'après M. Begley, la partie patronale demande à ce que la convention collective ne prévoit plus de places pour les éducatrices aux conseils d'administration des CPE. Elle demande aussi de cesser ses cotisations aux assurances collectives, ce qui représenterait une surcharge pour chaque travailleur.
Position de la CAQ
Par ailleurs, mercredi, la Coalition avenir Québec (CAQ) a proposé d'encadrer le droit de grève des éducatrices de manière à offrir une «stabilité» aux parents. Elle estime que les CPE devraient être considérés comme un service essentiel. «Est-ce qu'on pourra dire qu'on doit assurer un minimum d'heures, un minimum de jours, un minimum d'éducatrices?» demande le député caquiste Daniel Ratthé. «Ce sera à la Commission du travail de le déterminer.»
La proposition «n'effraie pas» la CSN. «Je pense que ce n'est pas du tout la solution», dit Jeff Begley, de la centrale syndicale. «Mais si le gouvernement décide cela, on va vivre avec. Comme dans la santé. Mais, pour trois jours de grève, je trouve que c'est tuer une mouche avec un bazooka.»
Au Parti québécois, on estime que la proposition démontre «l'amateurisme» de la CAQ. Le maintien d'un service malgré un conflit de travail entraînerait nécessairement une réduction du ratio éducatrice-enfants. «C'est la sécurité de nos enfants qui serait mise en péril», a avancé la députée Marie Bouillé.