St-Cyprien: rebâtir ou non le coeur d'un village

Le maire de Saint-Cyprien, Michel Lagacé, ne sait pas si la salle communautaire Le Toupikois, entièrement rasée par les flammes mardi, sera reconstruite. M. Lagacé et son conseil pourraient choisir d'accélérer le travail amorcé concernant la transformation de l'église qui, comme partout, se vide lentement.


«Depuis trois ans, nous travaillons pour savoir comment l'église pourrait être maintenue dans le milieu. Les citoyens ont déjà convenu d'en conserver une partie pour le culte et transformer un espace en salle communautaire», explique le maire Lagacé.

Chose certaine, c'est une bonne partie du coeur du village de 1200 citoyens qui a cessé de battre. Depuis plus de 40 ans, l'endroit a vu défiler d'innombrables réceptions de baptêmes, mariages, funérailles, sans parler des soirées communautaires qui y avaient toujours lieu. Plus qu'un simple bâtiment, ce sont tous les souvenirs associés à cet endroit qui se sont envolés.



Tout le monde à Saint-Cyprien y a son histoire. Ceux qui y ont reçu leurs premiers baisers sont très nombreux. «Je me suis marié à cet endroit», note François Gosselin, employé à la municipalité, qui évalue les dommages à près de 300 000 $.

«À l'époque, il y avait très peu de loisirs. Une telle salle faisait la différence. Tout le monde de partout alentour s'y retrouvait», ajoute Michel Lagacé, qui, visiblement, conserve lui aussi d'excellents souvenirs. «Lors des soirées dansantes, quand les slows jouaient, vers 1h du matin, les gênés de la place se dégênaient.» Lui aussi, selon ses mots, «y a fait ses apprentissages de jeune homme».

Ironie du sort, le samedi précédant l'incendie, une activité-bénéfice s'y tenait à l'intention d'un agriculteur dont la grange avait été incendiée en novembre. Ce fut la dernière.

Selon les premières constatations, le feu aurait commencé dans l'espace de la cuisinette. Les pompiers ont réussi à contenir l'élément destructeur pour éviter qu'il ne s'étende à l'aréna, situé seulement à une dizaine de pieds. «Reconstruire une telle salle, qui pouvait accueillir 450 personnes, coûterait certainement plus de 1 million $», note M. Gosselin.



Nom d'un cours d'eau

Selon le vicaire à la retraite Aubert April, le vocable Toupikois vient probablement d'une déformation du nom du cours d'eau qui coule à proximité : «Selon mes recherches, le nom de la rivière Toupiké viendrait lui-même de l'anglais to pike. C'est logique puisqu'anciennement, on y faisait la drave», conclut celui qui se désole aussi de la disparition de la salle communautaire. «C'est ma mère, Eva Denis, qui avait suggéré ce nom en 1971.»

Le résultat du travail du comité pour la sauvegarde de l'église sera présenté bientôt à l'assemblée paroissiale. À la lumière des résultats, le conseil décidera de la transformation d'une partie en espace communautaire ou de la reconstruction d'un autre bâtiment. Si le projet de conversion est maintenu, celui-ci devra être soumis au diocèse.