Manifestation des familles d'accueil: en quête d'un salaire équitable

Plusieurs centaines de familles d'accueil des quatre coins du Québec affiliées à la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) ont manifesté samedi midi devant l'Assemblée nationale par un froid mordant afin d'exprimer leur rejet du cadre gouvernemental proposé pour la première convention collective des 9500 ressources de type familial et ressources intermédiaires accueillant plus de 22 000 personnes au Québec.


«Il est fini, le temps où on considérait les familles d'accueil comme de simples gardiennes! Le gouvernement doit nous reconnaître comme des travailleurs à part entière du réseau de la santé et des services sociaux, et ça passe par une rétribution juste et équitable!» a lancé le président de la CSD, François Vaudreuil, à ses membres réunis.

«Les gestes que vous avez posés font que la présidente du Conseil du trésor, Michelle Courchesne, nous a invités à la rencontrer mercredi prochain. Nous y serons pour expliquer les motifs du rejet de l'offre», a-t-il poursuivi, rappelant que le travail des familles d'accueil se faisait 24 heures sur 24 et sept jours sur sept.



Lors d'une quinzaine de rencontres tenues au cours des dernières semaines à travers le Québec, les quelque 5000 familles d'accueil affiliées à la CSD ont rejeté à 95 % le cadre financier que leur proposait le gouvernement du Québec.

Enveloppe insuffisante

Pour Denis Vigneault, négociateur à la CSD, l'enveloppe additionnelle de 200 millions $ mise sur la table par le gouvernement Charest est nettement insuffisante. «Le gouvernement a établi un montant quotidien pour chaque personne en famille d'accueil en fonction de la lourdeur de chaque cas, évaluée de 1 à 6. Présentement, pour un nourrisson c'est 25 $ par jour et pour les cas les plus lourds, c'est 114 $ par jour», explique-t-il en soulignant qu'avec ces sommes, les familles d'accueil doivent assumer les dépenses liées à chaque bénéficiaire.

Les familles d'accueil sont des ressources qui hébergent neuf bénéficiaires ou moins, et M. Vigneault indique que pour certaines d'entre elles, les offres gouvernementales feraient chuter leurs revenus annuels de près de 35 000 $.



À la frontière du bénévolat

«Les familles d'accueil sont à la frontière du bénévolat et de l'économie sociale. Le gouvernement doit reconnaître que c'est un vrai travail. Il devrait savoir qu'il lui en coûterait de six à sept fois plus cher de retourner ces personnes en institution», poursuit-il, reconnaissant que le gouvernement a apporté des correctifs importants pour les trois catégories de cas les plus légers. «C'est pour les cas plus lourds que ça pose problème.»

En place au Québec depuis plusieurs décennies, les familles d'accueil n'ont obtenu que tout récemment le droit de se syndiquer. Au début des années 2000, le gouvernement du Québec avait adopté un projet de loi visant à les empêcher d'accéder à la syndicalisation qui a été combattu jusque devant le Bureau international du travail, où les syndicats ont eu gain de cause.

À la suite de cette victoire syndicale, le gouvernement du Québec a adopté la loi 49 permettant aux familles d'accueil de se syndiquer. Les pourparlers en vue d'un premier contrat de travail ont débuté en mai 2010 entre le gouvernement et les familles d'accueil affiliées à la CSD, à la CSN et à la FTQ.