Attendre l'autobus bien à l'abri du froid

Attendre l'autobus à - 20 °C sans souffrir le nordet ou se geler le bout des doigts, c'est possible grâce aux abribus tempérés du Réseau de transport de la Capitale (RTC). Il y en a une quinzaine actuellement dans la ville de Québec et ce nombre est appelé à augmenter, pour le plus grand confort des usagers.


Les premières stations tempérées sont apparues sur le campus de l'Université Laval en 1996. Il a fallu attendre 10 ans pour qu'une troisième soit construite sur le boulevard Laurier, à l'angle d'Hochelaga, devant l'édifice de SSQ Groupe financier, qui a d'ailleurs financé l'ouvrage.

L'idée s'est répandue depuis, confirmant Québec dans son rôle de précurseur en la matière au Canada. Des abribus tempérés ont poussé sur le boulevard Wilfrid-Hamel, devant le centre commercial Fleur de Lys, dans la rue Calixa-Lavallée, tout près du boulevard René-Lévesque, dans un nouveau complexe immobilier sur le boulevard Lebourgneuf, à Place Ste-Foy et bientôt des deux côtés du boulevard Laurier à la hauteur de l'édifice Jules-Dallaire (route de l'Église).

Sont aussi comptabilisés les arrêts de la gare d'autobus Orléans, de Place Québec et du Royal Palace, puisqu'il est possible d'attendre l'autobus à l'intérieur.

La station tempérée des Galeries de la Capitale, inaugurée à l'automne, va un peu plus loin : dans le cadre d'un projet pilote, les usagers ont accès à Internet gratuitement, et les heures de passage des autobus sont affichées sur un écran numérique.

À l'intérieur de ces bulles de verre, la température est maintenue au-dessus de 5 °C. Il est donc exagéré de parler d'abribus chauffés, comme le font certains. En plein coeur de l'hiver, cela peut tout de même représenter un avantage de 20 à 30 °C.

Les endroits où sont implantés ces abribus nouveau genre sont déterminés en fonction de l'achalandage, du positionnement géographique et de la participation de partenaires financiers privés.

Il faut au minimum compter 600 montées et descentes quotidiennes pour que des arrêts se qualifient, explique Carole Brousseau, porte-parole du RTC. Ceux-ci se trouvent naturellement dans des secteurs denses ou très fréquentés.

Attirer les frileux

Comme le coût d'un abribus tempéré est sensiblement plus élevé que celui d'un abribus classique, la présence de partenaires financiers pèse aussi dans la balance.

Le modèle de base - quatre vitres sur une ossature de métal, comme il y en a le long des rues passantes - coûte 7000 $ pour une durée de vie de 20 ans. Une station tempérée - avec une base de béton bien campée dans le sol pour neutraliser les effets du gel, un vitrage hermétique, des caméras et un système de verrouillage automatique - commande plutôt un déboursé moyen de 600 000 $ pour une durée de vie de 40 ans.

Quand il s'agit d'un projet du RTC, le ministère des Transports absorbe 75 % de la facture. Des entreprises privées peuvent aussi agir comme partenaires.

Le RTC a calculé le coût moyen par usager, en soustrayant les subventions, et arrive à 1,8 ¢ pour un abribus régulier, contre 2,1 ¢ pour une station tempérée. «On dit que c'est cher, mais ce n'est pas si cher que ça. Les gens n'y pensent pas, mais un espace de stationnement, ça coûte 3500 $ [à aménager] en surface et 25 000 $ quand c'est souterrain», fait remarquer Mme Brousseau.

Pour le RTC, ce service permet d'attirer et de retenir la frileuse clientèle de Québec, ville où l'automobile domine le paysage. Le RTC n'est pas en mesure de dire si la pratique a entraîné des conversions, mais un sondage interne réalisé en mars 2010 auprès de 391 clients dans trois terminus a révélé un taux d'appréciation de 90 %. Après la fréquence et la régularité, le confort fait partie des arguments les plus fréquemment évoqués comme frein ou incitatif à adopter le transport en commun.

Pas surprenant que le RTC ait l'intention d'ajouter d'autres abribus tempérés au cours des prochaines années. Sa porte-parole refuse d'indiquer précisément les endroits potentiels, mais il a déjà été question de la Cité verte, dans Saint-Sacrement, du Cégep Limoilou et du supermarché Provigo, à l'angle de René-Lévesque.

«On est toujours à l'affût s'il y a une construction nouvelle. On fait des démarches pour voir si le promoteur veut offrir un espace» pour les usagers du transport collectif, dit Mme Brousseau. Les nouveaux parcours, comme la voie réservée de Robert-Bourassa, sont aussi étudiés.