Objets perdus: caverne d'Ali Baba au RTC

Boîtes à lunch, parapluies, mitaines... Vélos, médicaments, dentiers... Il y a vraiment de tout dans la salle des objets perdus - ou plutôt trouvés - du Réseau de transport de la Capitale (RTC).


Tout est acheminé au service à la clientèle du RTC, qui classe  méticuleusement chaque objet et le conserve pendant 15 jours.

En 2010, les chauffeurs et les employés d'entretien du RTC ont retrouvé pas moins de 13 700 articles égarés par leurs propriétaires. L'hiver, la récolte mensuelle tourne autour de 1400 objets (soit près de 50 par jour!), alors que l'été, quand l'usager s'habille plus léger, elle baisse à environ 800 par mois.

Tout est acheminé au service à la clientèle, qui classe méticuleusement chaque objet et le conserve pendant 15 jours dans une petite pièce aux allures de caverne d'Ali Baba.



Selon les statistiques du RTC, l'objet le plus oublié dans l'autobus est... la boîte à lunch! Curieusement, étudiants et travailleurs ont tendance à l'égarer davantage à la rentrée d'automne, note la porte-parole Carole Brousseau. Freud aurait sûrement une bonne explication...

Les menus objets liés à la température sont aussi régulièrement laissés derrière.

Ainsi, en octobre, il y avait une montagne de parapluies abandonnés. En décembre, les bacs sont plutôt remplis de tuques, de foulards, de gants et même de bottes.

Comme le noir est la couleur dominante, les lunatiques qui cherchent les leurs ont tout intérêt à donner un signe distinctif pour faciliter l'identification. Une égratignure, un accroc ou, mieux, un nom deviennent très précieux en cas de perte.



Signe des temps, 2000 cartes OPUS, ces cartes à puces rechargeables sur lesquelles sont encodés les titres de transport prépayés, ont été trouvées dans les autobus en 2010.

Environ 35 % d'entre elles ont été remises aux propriétaires qui avaient pris la peine de les enregistrer à leur nom auprès du RTC. Les autres ont été détruites, puisqu'il n'y a aucun moyen de savoir à qui elles appartiennent.

Objets électroniques et portefeuilles

Pour les objets électroniques de plus grande valeur, comme les téléphones intelligents et les ordinateurs portables par exemple, des recherches sont effectuées pour identifier les propriétaires et les joindre dans la mesure du possible.

Idem pour les portefeuilles. Mais curieusement, plusieurs propriétaires ne les réclament jamais ou ne viennent pas les chercher. Quand Le Soleil est passé, il y en avait une bonne dizaine empilés dans une boîte et autant de cellulaires.

«Les gens sont probablement convaincus qu'ils se sont fait voler et ils ne pensent pas à nous appeler», avance Mme Brousseau. Ou encore ils ont renouvelé leur stock de cartes et n'ont rien à cirer des vieilles.



Dans la salle des objets trouvés, Le Soleil a aussi repéré des livres, des clés, des sacs à dos... Il y a déjà eu des manteaux, des médicaments, des couvertures.

Environ une fois par mois, il reste aussi un vélo sur les supports installés devant les Métrobus. À peine un sur deux est réclamé par son proprio.

Parmi les incongruités, les dentiers font bien rigoler. Le dernier a été réclamé par son propriétaire alors qu'il venait d'être jeté, donc au moins deux semaines après sa perte. Cela fait beaucoup de purée à manger.

La légende veut aussi que l'on ait déjà retrouvé un oeil de vitre dans un bus. Son propriétaire ne l'avait sûrement pas vu sur le banc...

Globalement, environ 20 % des objets perdus sont réclamés par leur propriétaire à l'intérieur du délai de 15 jours prescrit par la loi. L'article 91 de la Loi sur les sociétés de transport en commun stipule en effet qu'«un bien trouvé dans un immeuble ou dans le matériel roulant d'une société devient sa propriété si le propriétaire de ce bien ne le réclame pas dans les 15 jours de sa découverte». L'organisation établit dans un règlement comment elle entend disposer des biens.

Perdus mais redistribués

À Québec, ceux-ci sont remis à diverses oeuvres de bienfaisance, qui sont tenues de les prêter ou de les donner. La Saint-Vincent de Paul se retrouve depuis peu sur la liste des bénéficiaires du RTC. Sa directrice générale, Chantal Godin, se dit enchantée de ces arrivages.

La plupart des objets sont dirigés vers les deux roulottes qui permettent d'intervenir auprès des jeunes de la rue. Manteaux, gants, parapluies, boîtes à lunch leur sont d'une réelle utilité.



Des vélos ont été donnés à des familles immigrées qui n'ont pas d'autre moyen de transport.

«On a aussi gardé quelques items pour le Noël des enfants», souligne Chantal Godin, qui juge cette redistribution «très profitable» pour les nécessiteux.