Transport aérien: l'industrie veut rendre publics les noms des fautifs

Des représentants de l'industrie aérienne pressent le gouvernement du Québec de publier les noms des transporteurs avec qui il refuse de faire affaire afin de guider le public vers les entreprises les plus sécuritaires.


«Qu'il fasse la démonstration qu'il y en a des bons, pis qu'il y en a des pas bons», dit sans détour le président de l'Association des gens de l'air du Québec (AGAQ). En dévoilant la liste des entreprises aériennes conformes et surtout non conformes, «ça va être un outil pour le public ou les entreprises qui se cherchent un transporteur», insiste Pierre Gauthier.

Il pense à un registre, accessible dans Internet et mis à jour régulièrement, où apparaîtraient les noms des transporteurs audités par le Service aérien gouvernemental (SAG), Hydro-Québec ou tout autre organisme public, ainsi que les résultats de l'examen subi. «C'est un service payé par les contribuables», fait remarquer le passionné d'aviation, qui travaille lui-même pour le SAG. Il donne l'exemple de la Commission des transports du Québec, qui tient pareil registre pour les compagnies d'autobus et les camions lourds.



Cette requête de l'AGAQ ne vient-elle pas confirmer la faillite de Transports Canada à assurer la sécurité du public? «C'est certain qu'ils sont les premiers à blâmer parce qu'ils doivent surveiller les compagnies et quand ils les suspendent, ils ne veulent pas les mettre sur les journaux», lance son vice-président, Harold Morin, qui appelle à plus de transparence au fédéral aussi. «C'est un peu comme s'ils avaient la crainte d'être l'instigateur de la cessation d'opération d'une compagnie. Ils ne veulent pas trop prendre position», ajoute Pierre Gauthier.

Niveau 3 ciblé

Les deux hommes ne veulent tout de même pas laisser l'impression que les délinquants sont partout en aviation du fait d'un manque de surveillance. Les transporteurs de niveau 1 (Air Canada, Air Transat, etc.) ou de niveau 2 (Air Canada Jazz, Air Inuit, etc.) sont généralement gérés de façon serrée, disent-ils. Notamment parce que les pilotes et les employés d'entretien ont des syndicats pour les défendre.

Ce sont les transporteurs de niveau 3, souvent basés en région et offrant surtout des vols nolisés et des navettes, qui posent davantage problème, selon l'AGAQ. Si les patrons cherchent à maximiser les profits en tournant les coins rond, les employés n'ont d'autre choix que de quitter leur emploi. D'où le roulement de personnel.



L'Association québécoise des transporteurs aériens (AQTA) estime que les tarifs aériens dans cette catégorie sont environ 30 % moins chers au Québec qu'ailleurs au Canada. Pourtant, le carburant et les équipements coûtent le même prix partout, fait remarquer Pierre Gauthier, qui explique la différence par des économies sur la maintenance et les équipages.

Comité sur la sécurité

Selon l'AGAQ, les entreprises qui font bien les choses ne doivent pas hésiter à se mettre de l'avant. C'est ce qu'entend faire le transporteur Max Aviation, qui a entrepris des démarches auprès du SAG afin que soient rendus publics les audits de sécurité. Parallèlement, il entend mettre de l'avant les «bonnes pratiques corporatives» en créant un comité provincial sur la sécurité aérienne. Y siégeraient des exploitants sensibilisés à la cause, des représentants des organismes réglementaires, des aéroports et des clients, qu'ils proviennent du secteur public ou privé.

«On connaît notre comportement et celui des autres transporteurs et on pense qu'il faut se doter d'outils pour rendre l'information accessible. Le premier objectif sera de rendre nos bulletins publics», dit Michel Ratté, directeur du développement des affaires, ventes et marketing, ayant bon espoir de rallier l'industrie.