La ministre québécoise de la Culture et des Communications ne se fait cependant guère d'illusions. Elle n'est ni la première à déplorer la situation, ni la dernière francophone du monde à tirer une sonnette d'alarme.
Le problème «saute aux yeux quand on va à Paris», dit-elle en entrevue. «Le maire Labeaume n'a pas fait de découverte. Il a eu la réaction qu'ont bien des Québécois» se rendant dans la capitale française.
De passage à Paris, le maire de Québec a estimé qu'il s'agit d'un «sujet tabou» en France, un sujet dont les Français devront se «préoccuper à un moment donné». Régis Labeaume visait les raisons sociales de nombreux commerces, mais aussi des termes dans l'affichage, comme smart phones ou iced coffee.
Christine St-Pierre est d'accord. «Si la France n'envoie pas le signal - dans toute la francophonie mondiale - que le français, c'est important et qu'il faut le protéger, qui va l'envoyer? Si la France n'est pas le porteur de ce flambeau, qui va l'être? Même les artistes chantent en anglais, ça n'a pas de bon sens!» (Comme au Québec, ajouteraient d'autres à ce sujet...)
Il faudra que les Français soient eux-mêmes habités par ce souci pour que les choses changent - pour que les représentants de la France participant à des réunions internationales s'expriment tous dans la langue de Molière, par exemple.
Pour l'heure, constate la ministre, les Français «ne se sentent pas menacés» sur ce front. C'est ce qui expliquerait la relative indifférence de plusieurs d'entre eux.
Pas la première
Christine St-Pierre n'est pas le premier membre d'un gouvernement québécois à s'avancer sur ce terrain.
Un seul exemple : en mars 2000, le gouvernement de Lucien Bouchard semonçait Paris parce qu'Air France venait de décider que ses appareils décolleraient en français de Dorval mais atterriraient... en anglais en France.
La décision du transporteur d'instaurer l'anglais comme langue de communication entre les pilotes et la tour de contrôle de Roissy-Charles-de-Gaulle avait scandalisé la ministre des Relations internationales du temps, Louise Beaudoin. Elle avait donné du poing sur la table et montré du doigt les cousins français.