«Je serais très étonné que cette mesure ne soit pas là pour rester. Dans quelle mesure elle restera et dans quelle mesure elle sera étendue, il faudra le voir», a déclaré mercredi M. Moreau, lors d'un point de presse à l'Assemblée nationale.
Celui-ci se donne «un échéancier très court» pour décider du sort de la quinzaine de radars photo et de caméras de surveillance aux feuxrouge que l'on retrouve dans trois régions (Chaudière-Appalaches, Montérégie, Montréal) depuis l'été 2009.
S'il devait les garder, voire les multiplier, il prévient toutefois que le gouvernement «ne veut pas faire de ces appareils-là des machines à sous ou une façon d'aller percevoir des impôts».
Ces mots sont quasiment identiques à ceux utilisés par la présidente de la Commission des transports et de l'environnement de l'Assemblée nationale, qui a dévoilé mercredi ses recommandations après l'examen en profondeur du Rapport d'évaluation du projet pilote sur les cinémomètres photographiques et systèmes photographiques de contrôle de circulation aux feux rouges déposé il y a un an.
«Personne d'entre nous ne veut que ça devienne une machine à cash, à faire de l'argent», a averti la députée péquiste de Matapédia, Danielle Doyer, mettant plutôt l'accent sur l'amélioration du bilan routier.
Ainsi la douzaine d'élus membres de la commission, qui représentent tous les partis politiques, insistent-ils pour que les appareils soient «installés uniquement dans des endroits accidentogènes et où la surveillance policière traditionnelle présente un défi quant à la sécurité des usagers de la route et des policiers».
C'est déjà le cas. Les 15 endroits choisis pour tester la technologie comptent déjà plus d'accidents liés à la vitesse que la moyenne et sont difficiles d'accès pour la plupart. «C'est un outil pour les patrouilleurs. On n'enlève pas la police», a souligné mercredi Charlotte L'Écuyer, vice-présidente de la commission et député libérale de Pontiac.
Obsédés par l'acceptabilité sociale de la mesure, les parlementaires tiennent aussi à ce que les radars photos soient annoncés à l'avance et à ce que le ministère des Transports diffuse un maximum d'informations sur le choix des sites ainsi que le nombre d'accidents et de contraventions émises. Selon les plus récentes évaluations, le projet pilote a permis de signaler 140 000 infractions en deux ans.
La CTE insiste enfin pour que le ministre des Transports soit «responsable et imputable» de l'installation des radars photo et qu'il choisisse les sites d'implantation de concert avec les instances municipales et les corps policiers concernés.
Faire de l'argent
Mme Doyer n'est pas chaude à l'idée de laisser les municipalités installer et opérer des appareils à leur guise. «On ne veut pas que ce soit pour faire de l'argent et coincer les gens», a-t-elle motivé mercredi.
Québec réclame depuis an des radars photo pour contrôler la vitesse dans les quartiers résidentiels. Le maire Régis Labeaume se dit même prêt à en accueillir une bonne vingtaine pour faire de sa ville un «laboratoire pour les radars itinérants».
Le ministre Moreau s'est montré plus conciliant envers les municipalités. «Je n'exclus pas ça dans la mesure où l'ensemble des fonds qui sont perçus à partir des amendes données sont investies dans un fonds lié à la sécurité routière», a-t-il dit.
C'est d'ailleurs la dernière recommandation de la CTE: que les surplus générés - presque 4 millions $ jusqu'à présent - continuent de financer des initiatives de prévention et de sensibilisation à la sécurité routière.
De Koninck se réjouit
Jean-Marie De Koninck, président de la Table québécoise de la sécurité routière, ne peut que se réjouir de voir l'Assemblée nationale aller dans le sens de ses recommandations. Il répète que les radars photo sont «un outil efficace pour faire ralentir les gens» et fait remarquer que la Table a été la première à proposer des conditions pour baliser leur utilisation.
Quel que soit le nombre d'appareils qui seront éventuellement installés, il croit d'ailleurs que l'important demeure de les confiner dans des zones à hauts risques d'accidents et de bien les annoncer pour favoriser l'acceptabilité sociale. Du côté de CAA-Québec, même satisfaction envers la transparence affichée par le gouvernement, à condition que ce dernier n'opte pas pour un «déploiement à grande échelle».
«Ça va dans la bonne direction, dans la mesure où c'est pour garder un bilan routier le plus bas possible», dit le porte-parole Philippe St-Pierre.