Un capitaine de traversier conteste son congédiement

C'est le 11 mai qu'ont eu lieu les faits invoqués. Alors qu'il se trouvait au milieu du fleuve, une vague a frappé le N.M. Joseph-Savard, déplaçant des véhicules et impressionnant leurs propriétaires.

Un officier de navigation de la traverse de l'Isle-aux-Coudres conteste son congédiement survenu au printemps. Une vague a alors atterri sur le pont du traversier qu'il dirigeait, endommageant deux véhicules et causant une bonne frousse à quelques passagers.


Le capitaine Rodrigue Boudreault cumulait une douzaine d'années d'ancienneté pour la Société des traversiers du Québec (STQ), mais cela fait 40 ans qu'il navigue sur le fleuve Saint-Laurent, précise Josée Boudreault, qui a contacté Le Soleil pour dénoncer le traitement réservé à son père. Le principal intéressé hésite à parler publiquement puisqu'un grief a été déposé pour contester son renvoi.

C'est le 11 mai qu'ont eu lieu les faits invoqués. Alors qu'il se trouvait au milieu du fleuve, une vague a frappé le N.M. Joseph-Savard, déplaçant des véhicules et impressionnant leurs propriétaires.



M. Boudreault a été suspendu avec solde sur-le-champ, le temps qu'une enquête interne soit réalisée. Quinze jours plus tard, il était congédié «sans attendre le rapport d'enquête, sans traitement salarial, aucune mesure disciplinaire préalable, aucune formation, rien à ce jour», déplore sa fille.

Celle-ci se demande pourquoi la STQ est allée aussi loin et n'hésite pas à parler d'«injustice» puisque le copilote n'a pas été sanctionné.

Mme Boudreault ne peut s'empêcher de comparer la situation avec un autre incident, survenu il y a quelques semaines à la traverse Québec-Lévis.

Le 12 septembre, la fausse manoeuvre d'un officier de navigation d'expérience a précipité le N.M. Radisson dans le quai de Lévis, causant des blessures légères à neuf passagers et endommageant deux automobiles, un vélo et le bateau lui-même. Le capitaine a été rencontré, mais pas puni.



Jean-Guy Michaud, consultant en relations industrielles embauché par M. Boudreault, affirme que son client est «le seul» officier de navigation de la STQ ayant jamais subi une suspension et un congédiement après un incident sur le fleuve. «Certains ont même eu des promotions», dit-il. Selon le consultant, ce sont davantage les fonctions de délégué syndical de l'employé qui agaçaient son directeur.

Appuyé par ses collègues, il a notamment revendiqué des corrections au navire qu'il commandait, jugeant dangereux le design du pont et l'absence d'un plancher antidérapant.

À titre de délégué syndical, M. Boudreault a également milité en faveur d'un changement de centrale. Il souhaitait quitter le local 9538 des Métallos, affilié à la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, pour joindre les rangs de la Confédération des syndicats nationaux. Selon M. Michaud, cette action a affecté ses relations avec ses dirigeants syndicaux. Une plainte a été déposée il y a deux semaines à la Commission des relations du travail pour «défaut de représentation».

Bruno Gagnon, président du syndicat dénoncé, affirme au contraire s'être occupé du dossier, mais soutient que Rodrigue Boudreault a volontairement pris ses distances à un moment. M. Gagnon dit avoir pris connaissance du rapport interne produit par la STQ et précise que les réactions du capitaine sur le fleuve y font l'objet de critiques. Le dossier sera défendu en arbitrage, assure-t-il.

Le Soleil a demandé des détails sur l'incident et la copie du rapport d'enquête à la Société des traversiers. La directrice des communications, Maryse Brodeur, a toutefois répondu qu'il s'agissait d'informations de nature privée.

«Il n'y a pas de commentaires à formuler» puisque le dossier est susceptible de se retrouver devant les tribunaux, a-t-elle ajouté.