Même au téléphone, on pouvait deviner le sourire de Jean Provencher, qui s'est dit très heureux de recevoir ce prix. «

Je travaille depuis 40 ans [à faire découvrir] le patrimoine, de différentes manières. C'est la base de la culture d'un peuple», dit-il fièrement. Il a appris la nouvelle cet été. «Je venais de faire quatre heures de pelouse sous une chaleur épouvantable, j'étais lessivé, je suis rentré et j'avais un message de Christine St-Pierre.» Ça l'a remis «sur le piton».

Passion

La passion de Jean Provencher a commencé quand il était en deuxième secondaire. «L'histoire de Charlemagne, de Pépin le Bref, c'était fantastique», se souvient l'historien. Puis, à la fin du cours classique, comme ses camarades, il a dû songer à son avenir lors d'une retraite fermée.

«Mais il n'y avait rien qui me tentait, je ne voulais pas m'enfermer dans une matière», rigole-t-il. Mais il fallait choisir. Alors ça a été l'histoire.

Le Jean Provencher qu'on con­naît, on le doit (en partie) à Jean Hamelin, son professeur d'histoire du Canada contemporain à l'Université Laval. «À la pause du premier cours, à la cafétéria, j'ai vu de grands souliers s'approcher de moi, raconte-t-il. J'ai levé la tête et c'était Jean Hamelin. Il m'a dit : "Qu'est-ce que tu as envie de faire?" J'ai répondu que je voulais écrire. Alors il m'a dit : "Viens dans mon bureau mardi." Il m'a fait écrire et c'est comme ça que tout a commencé.»

C'est Jean Hamelin qui a encadré, encouragé, nourri les projets du jeune Provencher. «C'était un second père, c'est lui qui m'a fait aimer l'histoire, c'est le genre d'homme qui te poussait à faire [grandir] ta fleur, à faire quelque chose qui est toi», ajoute-t-il avec émotion et gratitude. Parions que dans son discours, lors de la cérémonie, les premiers mots de Jean Provencher iront à son mentor.

Enfants tout ouïe

Depuis cette époque-là, Jean Provencher écrit... beaucoup. On ne compte plus ses ouvrages. Ce qu'il aime, c'est partir d'un petit événement qui mettra en lumière tout un contexte.

«Je ne fais que tirer sur la corde de l'ampoule... et ça illumine tout», explique-t-il.

En plus d'illuminer l'histoire et le patrimoine, Jean Provencher illumine les esprits. Lors de conférences ou d'ateliers animés, il arrive à capter l'attention des tout-petits, des jeunes et des plus vieux. «L'autre jour, je parlais devant un groupe de jeunes de 10-11 ans et je leur racontais ce que faisaient les enfants d'autrefois à travers les saisons. Eh bien, ils allaient au champ l'été et ils vidaient les pots de chambre!» lance Jean Provencher en riant.

Et à partir du pot de chambre, il a contextualisé toute une époque. Il paraît que les enfants étaient tout ouïe, les professeurs et le directeur de l'école aussi.

La transmission de l'histoire est essentielle pour la société, mais elle est aussi essentielle individuellement. «Tu ne peux pas savoir qui tu es si tu ne sais pas d'où tu viens et quels ont été les combats de tes père et mère», conclut Jean Provencher.

Pour l'année 2011, il y a 11 lauréats:

> Prix Guy-Mauffette (radio et télévision): Janette Bertrand

> Prix Georges-Émile-Lapalme (promotion et rayonnement de la langue française): Jacques Duval

> Prix Paul-Émile-Borduas (arts visuels, métiers d'art, architecture et design): Gilles Mihalcean

> Prix Athanase-David (littérature): Joël Des Rosiers

> Prix Denise-Pelletier (arts de la scène): Yannick Nézet-Séguin

> Prix Gérard-Morisset (patrimoine): Jean Provencher

> Prix Albert-Tessier (cinéma): Marcel Carrière

> Prix Léon-Gérin (sciences humaines et sociales): Jean Grondin

> Prix Wilder-Penfield (recherche biomédicale): Nabil G. Seidah

> Prix Marie-Victorin (sciences naturelles et génie): Serge Payette

> Prix Armand-Frappier (recherche): Jean-Claude Tardif