Et ces travaux, la Commission des champs de bataille nationaux (CCBN) décidera au printemps seulement si elle souhaite les effectuer.
Mais pour l'instant, à la lumière d'un rapport d'étape de Travaux publics et Services gouvernementaux, l'organisme fédéral est ferme : des «obstacles majeurs» empêchent une ouverture à court terme. La CCBN avance notamment des risques pour l'environnement, le piètre état de la chaussée et des coûts élevés pour des éventuels travaux de réfection (voir l'encadré).
Autant d'enjeux qui «ne s'alignent pas avec les priorités» de la Commission et «n'apporteraient pas de bénéfices réels à la CCBN quant à ses mandats et sa volonté de conserver et préserver ce site historique et naturel pour les générations futures», peut-on lire dans le document.
Malgré tout, la Commission assure «ne pas être fermée» à l'idée de permettre éventuellement la circulation sur cette voie de transit entre la Haute-Ville et la Basse-Ville l'hiver. Tout dépendra toutefois du résultat de deux autres études en cours. Mais cet hiver, la côte sera fermée. Et ce, dès le 1er novembre. «Cette côte-là dans son état actuel ne peut absolument pas supporter le trafic hivernal, ni le gel et dégel. C'est impossible», tranche en entrevue André Beaudet, secrétaire de la Commission des champs de bataille nationaux. «C'est impossible en termes de génie structurel, ce n'est pas un caprice», a-t-il ajouté.
De l'argent de la Ville
Cette décision retardera l'espoir du maire de Québec, Régis Labeaume, de voir rapidement cette côte ouverte pour améliorer la fluidité du trafic. L'an dernier, piaffant d'impatience, le maire Labeaume avait proposé avec humour d'«aller la pelleter» lui-même.
Hier, le ton du maire avait changé. «C'est un pas dans la bonne direction, a simplement indiqué son attaché de presse, Paul-Christian Nolin. Nous sommes satisfaits de l'ouverture de la Commission pour poursuivre les études.»
Il faut dire qu'en plus de rendre public le rapport d'étape, la Commission des champs de bataille nationaux a annoncé hier avoir accepté un montant de 260 000 $ de la part de la Ville de Québec pour permettre la réalisation des plans et devis en prévision de travaux à effectuer. «La Ville nous a offert de financer cette partie, explique M. Beaudet. Ça permettra, au moment de la prise de décision, au printemps, d'avoir les devis en main. C'est ce qu'on a accepté.»
Là encore, la CCBN veut toutefois être bien claire et ne pas entretenir de faux espoirs quant à cet appui financier de la Ville. «Il nous importe de dissiper tout risque de malentendu», peut-on lire dans une lettre datée d'hier et adressée au maire Labeaume. «Cette contribution n'a pas pour effet d'assurer l'ouverture de la côte Gilmour en hiver. Elle permet simplement d'accélérer les travaux en vue de la possible ouverture hivernale de la côte. Elle n'est en aucun cas une garantie d'ouverture», martèle la Commission.
LES OBSTACLES
Principaux obstacles pour l'ouverture de la côte Gilmour en hiver, selon l'étude de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada
> Environnement
Le rapport d'étape rendu public mardi par la Commission des champs de bataille nationaux (CCBN) fait une large part à l'impact environnemental pour justifier la fermeture de la côte Gilmour l'hiver. Ainsi, l'étude a identifié 31 noyers cendrés, une espèce d'arbre intolérante au sel utilisé pour déglacer la voie. Cinq de ces arbres se retrouvent à moins de cinq mètres de la route, peut-on lire. Comme solution, on propose «la réfection du système de drainage pluvial du secteur et la protection de certains spécimens de noyer cendré lors des travaux de réfection ainsi qu'en période hivernale».
> Coûts des travaux
Pour l'instant, l'étude avance des coûts de 3 millions $ nécessaires aux travaux de réfection. «C'est très préliminaire comme évaluation, note toutefois le secrétaire de la Commission des champs de bataille nationaux, André Beaudet. C'est à titre indicatif seulement. Les plans et devis diront combien ça va coûter en réalité. Mais les chances sont que ça coûte un peu plus cher que ça.»
> Qualité de la chaussée
Autre point de l'étude, l'état actuel de la chaussée, qui ne pourrait tolérer le passage des véhicules pendant l'hiver. On peut y lire que «l'épaisseur de la fondation et de la sous-fondation n'est pas suffisante pour la partie supérieure de la côte». Travaux publics souligne aussi qu«'en raison des matériaux hétérogènes qui composent actuellement la structure de chaussée, le cycle de gel et dégel risque de causer un gonflement des structures en place qui aurait pour effet de faire éclater le pavage existant». Le rapport, selon lequel il en va de la sécurité du public, recommande donc de «procéder à la construction d'une nouvelle structure de chaussée qui serait en mesure de résister au débit de circulation».
>Circulation
Le rapport de Travaux publics fait aussi mention d'une étude menée par la firme Génivar en juillet concernant la circulation. Mentionnant un achalandage moyen de 4300 véhicules pour une journée de fin de semaine et de 9000 les jours de semaine, l'étude souligne une baisse de fréquentation depuis 2004, soit une chute de 17 % le matin et de 30 % le soir.