Top Aces dans une classe à part

Deux avions d'entraînement Alpha Jet faisant un exercice d'interception avec un Challenger 601.

Dans la catégorie des entreprises hors de l'ordinaire, Top Aces est en bonne position. Elle entraîne les pilotes de chasse et d'autres militaires, une chose impensable il y a un peu plus de 10 ans.        


Quand Didier Toussaint, Paul Bouchard et Dave Jennings ont fondé Top Aces en 2000, les trois anciens pilotes de CF-18 ont eu du flair. Deux ans plus tard, les Forces canadiennes ferment leurs escadrons d'entraînement. Elles mettent au rancart 28 avions CT-133 Silver Star - ces aéronefs dataient de la fin de la Seconde Guerre mondiale - et changent la vocation de deux jets d'affaires Challenger, utilisés pour le brouillage électronique. Il y avait un trou à combler en termes d'entraînement des pilotes de chasse.

En 2005, le ministère de la Défense accorde un contrat de trois ans à Top Aces d'une valeur de 93,9 millions $, plus deux options de renouvellement d'un an. Alors, l'entreprise dont le siège social se trouve à Pointe-Claire achète huit avions d'entraînement Alpha Jet ayant servi dans la Luftwaffe allemande. «De deux employés en 2005 à Bagotville, on est passés à 25», Steve Noreau, directeur de l'entretien, rencontré par Le Soleil à la base du Saguenay. «L'entreprise a connu une croissance exceptionnelle.»



Maintenant, Top Aces a dans sa flotte 16 Alpha Jet opérationnels et trois jets d'affaires : un Challenger 601 et deux Westwind 1124. Trois autres Alpha Jet, récemment acquis, attendent leur remise en état de vol. Plus de 80 personnes travaillent pour Top Aces, dont 25 pilotes.

Après une autre année de prolongation, Top Aces est présentement candidate d'un appel d'offres pour renouveler son contrat dans le cadre des Services entraînement aéroportés impartis (SEAI). Cette fois-ci, selon l'appel d'offres qui prend fin le 1er novembre, le contrat aura une durée minimale de 10 ans, plus différentes options pouvant mener jusqu'en 2031.

Avec ses petits jets d'entraînement, la firme peut offrir ces services pour une fraction du coût d'utilisation des CF-18, trop onéreux à utiliser pour de tels exercices. En plus de la simulation au combat aérien, les SEAI incluent l'entraînement des pilotes à l'interception d'aéronefs, le remorquage de cibles (pour la marine) et la formation de contrôleurs au sol (pour l'armée).

Pilotes retraités



Les pilotes de Top Aces proviennent de la Force aérienne (maintenant l'Aviation royale du Canada). Ce sont des pilotes de CF-18 qui ont pris leur retraite militaire.

«Ils doivent avoir au minimum 1000 heures [de vol] et détenir leur cours d'instructeur en armement d'avion de chasse. C'est en quelque sorte le "doctorat" en la matière, l'équivalent du Top Gun au États-Unis», explique M. Noreau.

L'entreprise mène ses opérations à partir de quatre bases aériennes des Forces canadiennes, dont Halifax, Cold Lake, Victoria et Bagotville. Les champs de tir des bases de l'Armée canadienne de Gagetown, de Wainwright, de Suffield et bien sûr de Valcartier font aussi partie des endroits où Top Aces fait de la simulation.

Quand il décrit son milieu de travail assez particulier, Steve Noreau est très éloquent. «C'est le meilleur des deux mondes. Je travaille dans un environnement militaire, entouré de jets militaires, mais dans une entreprise civile», dit-il. Depuis 2007, Top Aces est une filiale de Discovery Air.

Hommage à André Girard

Un des avions de Top Aces a quelque chose de particulier. Le nom d'André Girard, un ancien technicien de TQS au Saguenay, a été peint sur la queue de l'Alpha Jet 082. Selon Hugo Campbell, responsable du contrôle de la qualité, cet homme était un génie de l'électronique. Il ramassait tout ce qui pouvait exister comme pièces électroniques. Il a succombé à un infarctus en plein travail. «Je lui avais signé un bon de travail pour réparer un système d'avionique sur cet appareil, un soir. Il a eu son attaque pratiquement après avoir fini le travail. Il pouvait remettre en état à peu près tout ce qui avait un circuit électronique. André pouvait réparer pour 15 $ [par exemple] quelque chose qui nous en aurait coûté 5000 $, si ça avait été fait par des firmes spécialisées en avionique.»