Vague de détresse à Lévis

C'est sans doute un hasard si la femme de 55 ans qui menaçait de se suicider en se jetant en bas du pont Pierre-Laporte, vendredi matin, vient de Lévis.


La femme désespérée aurait pu habiter à Québec ou dans n'importe quelle autre ville. Sauf que, pour la police de Lévis, ce genre de hasard arrive un peu trop souvent ces derniers temps.

Depuis environ un mois, les policiers lévisiens sont confrontés à une vague de détresse. Du 1er juillet au 5 août, les policiers sont intervenus auprès de 21 personnes qui ont essayé de se tuer - sans compter les quatre qui sont parvenues à s'enlever la vie.



Durant la même période, l'an dernier, il y avait eu près d'une dizaine de tentatives de suicide de moins. Difficile de dire si cette hausse, qui poursuit une tendance amorcée depuis le début de l'année à Lévis, n'est qu'un coup du sort.

Or, quand un policier doit se rendre au domicile d'une jeune femme qui a avalé une trentaine d'Advil, décrocher un homme qui s'est pendu dans son sous-sol et qu'en l'espace de deux nuits, lui et ses collègues ont reçu cinq appels de la sorte, ça ne peut qu'être préoccupant.

«On ne peut pas être insensibles à ça», dit Patrice Gagnon, porte-parole de la police de Lévis. «C'est de la détresse humaine. Quand tu en as deux dans un shift, t'arrives chez vous, et t'es brûlé. On s'en parle entre nous, et on se dit : "Ouais, ç'a été vraiment difficile aujourd'hui".»

Très difficile à expliquer



Pour Garance Beaulieu, psychologue et responsable de la prévention du suicide au CSSS Alphonse-Desjardins, qui compte Lévis et les MRC de Bellechasse, de Lotbinière et de la Nouvelle-Beauce sur son territoire, une hausse des tentatives de suicide comme celle qui se dessine à Lévis est toujours très difficile à expliquer.

En général, dit-il, les gens qui tentent de se suicider ont accumulé une série d'échecs - amoureux, familiaux, professionnels, financiers, etc. - et deviennent profondément déprimés. Ils se mettent alors à tout voir avec des «lunettes noires», souligne M. Beaulieu. «C'est la dépression qui tue.»

Catherine Carignan, de l'Association québécoise de prévention du suicide, rappelle que l'important, pour les personnes en détresse et qui ont des idées suicidaires, ou pour leurs proches, c'est de ne pas rester isolées et d'en parler.

Le Québec, souligne-t-elle, dispose d'une ligne provinciale - 1-866-APPELLE (277-3553) - qu'il suffit de joindre pour parler à un intervenant de sa région formé et compétent, 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Dans la Chaudière-Appalaches, les gens entrent en contact avec un intervenant d'Urgence-Détresse et, à Québec, du Centre de prévention du suicide de Québec.

Le seul fait de se confier, explique Mme Carignan, aide les personnes aux idées suicidaires à trouver des solutions aux problèmes qui les font souffrir. Et, très souvent, cela évite à leurs proches de devoir un jour appeler le 9-1-1.