Centre d'injection supervisé: le débat s'étend hors de St-Roch

Mario Gagnon, directeur de Point de repères, ignore si le service d'injection serait offert au même endroit que le local actuel de l'organisme.

Le débat sur l'implantation d'un centre d'injection supervisé à Québec déborde des frontières de Saint-Roch pour toucher les quartiers Saint-Sauveur et du Vieux-Limoilou où le projet pourrait également voir le jour, a appris Le Soleil.


Le 14 mai prochain, le conseil de quartier Saint-Roch convie ses résidants et commerçants au Centre St-Roch à une séance de consultation qui prendra la forme d'un débat entre partisans et opposants à la présence d'un centre d'injection supervisé à Québec.

Or, comme l'emplacement final du projet piloté par l'organisme Point de repère et soutenu par la Direction de la santé publique n'a pas été déterminé, les représentants des quartiers voisins ont été invités à se joindre à la rencontre. «On associe à notre démarche Saint-Sauveur et Vieux-Limoilou», confie Louis Campagna, président du conseil de quartier Saint-Roch, ajoutant que ces deux quartiers ont été identifiés comme sites potentiels.



En attendant le jugement de la Cour suprême du Canada sur la légalité des centres d'injection supervisés et la décision du ministre de la Santé du Québec qui en découlera, le débat dans la capitale risque surtout de tourner autour de l'emplacement d'un tel service. Louis Campagna espère à tout le moins obtenir les informations les plus précises à ce sujet lors de la consultation.

Or, tant Point de repère que la Direction de la santé publique qui défendront le projet le 14 mai assurent que le lieu final n'a pas été déterminé. Conscient des craintes soulevées par l'implantation d'un centre à Québec, Mario Gagnon dit avoir fait remplir un sondage auprès d'une soixantaine d'utilisateurs de drogues injectables pour trouver le meilleur endroit. Les résultats pourraient être dévoilés le 14 mai, fait savoir le directeur de Point de repère.

Emplacement important

Celui-ci reconnaît que l'emplacement joue un rôle important pour son projet. Après avoir quitté le sous-sol de l'église Saint-Roch pour déménager en face du poste de police Victoria, l'organisme qui distribue des seringues neuves a vu son achalandage chuter. M. Gagnon craint que sa clientèle boude un centre d'injection s'il y ouvrait ses portes, celui-ci préférant miser sur un secteur commercial.



«Les espaces commerciaux sont des endroits plus anonymes, plus confidentiels où les gens ne vivent pas la nuit, le soir. Donc on pense que ça cause moins d'irritants. Mais ce sera la décision des utilisateurs qui fera foi de tout. Ce qu'on veut, c'est un service pour les gens qui s'injectent des drogues, donc ce sera eux qui serviront de base. Ça ne sert à rien de développer un projet pour les gens s'ils ne viennent pas», dit-il.

Mais la Société de développement commercial du centre-ville est vivement opposée, craignant que le centre ne vienne fragiliser la santé d'un quartier pour lequel des centaines de millions de dollars ont été investis dans la relance. Ceux-ci pensent que le centre d'injection devrait ouvrir dans un milieu hospitalier, là où les soins de santé sont déjà présents.

Accessibilité

Mais voilà, les autres villes n'ont jamais misé sur les hôpitaux, les utilisateurs de drogues injectables ont tendance à fuir les soins de santé, dit le directeur régional de la santé publique, le Dr François Desbiens.

«Si on veut un site d'injection supervisé, il faut qu'il soit accessible à pied facilement par les utilisateurs de drogues injectables. C'est ce qui s'est passé dans les grandes villes européennes ou à Vancouver. Maintenant qu'on a dit ça, si j'ai un hôpital ou un point de service d'un CLSC dans un quartier où est située cette clientèle, ça pourrait faire. Mais on n'est pas là.»

Situé dans le Vieux-Québec, l'Hôtel-Dieu est l'hôpital le plus près de Saint-Roch. Un CLSC a toutefois pignon sur la rue Saint-Joseph.



La Ville de Québec attend la consultation publique avant de se prononcer sur le projet. Reste que la conseillère du quartier, Chantal Gilbert, qui siège au comité exécutif de l'administration Labeaume comme responsable du développement social, s'est montrée froide dans le passé à l'ouverture d'un centre d'injection.

À une question lors du dernier conseil municipal, le maire Labeaume avait répondu par dérision que le centre pourrait être implanté dans Sillery pour encourager la mixité sociale.