Le traversier cloué au quai

Le droit de grève sera d'abord exercé une journée, le 21 avril, en guise de réponse à l'offre globale et finale déposée par la Société des traversiers du Québec (STQ).

Les habitués des traversiers qui relient Québec à Lévis doivent recourir à leur plan B, puisque la grève des officiers mécaniciens et de navigation bloque les bateaux à quai pour la journée. Les négociations de mercredi n'ont pas permis de dénouer l'impasse.


Une approche a été tentée auprès de la Société des traversiers du Québec lors d'une séance de négociation sollicitée par les syndiqués. Leurs représentants, qui font partie de la section locale 9538 des Métallos, ont suggéré de procéder à une réévaluation des emplois, puisque les tâches des officiers ont évolué ces dernières années.

Cela aurait pu justifier l'augmentation de 2 % par année sur cinq ans convoitée par la partie syndicale, qui cherche à combler l'écart salarial grandissant entre les dirigeants des traversiers du Québec et ceux des autres provinces ainsi que les employés du transport en commun en général.



L'employeur, représenté par le président-directeur général Georges Farrah lui-même, s'en est plutôt tenu à la politique du gouvernement du Québec, qui prévoit une progression des salaires de 6 % jusqu'en 2015. Les syndiqués ont quitté la table, insatisfaits. Aucune autre rencontre n'est prévue au calendrier.

Gordon Ringuette, permanent des Métallos à Québec, n'a pas voulu dire mercredi si la grève d'une journée sera la seule. Il a rappelé détenir un mandat de grève illimité et précisé que la stratégie du comité de négociation reste à définir.

Rappelons qu'une partie de ses propres membres contestent la façon dont ce mandat a été obtenu, puisque le vote de grève n'a pas été dûment annoncé. "S'ils [les patrons] comprennent de quoi avec la grève de demain [jeudi], pis que ça débloque, tant mieux, on n'aura pas besoin de plus", a mentionné M. Ringuette lors d'une entrevue téléphonique hier après-midi.

Les usagers croisés mercredi matin sur le fleuve Saint-Laurent étaient au courant de l'arrêt de service annoncé pour aujourd'hui. Aucun bateau ne circulera entre Québec et Lévis de 0h01 à 23h59.



Pierre Petitclerc, cycliste rencontré sur la traverse de 8h20, devait travailler à partir de la maison aujourd'hui pour éviter le trafic des ponts. Sa conjointe, qui prend aussi le bateau à pied, a plutôt opté pour le covoiturage avec des collègues. "Une journée, on est capables de supporter ça", a dit le sportif, craignant toutefois qu'un conflit à long terme ne vienne chambouler la vie quotidienne de sa famille. "Il y a plusieurs parents qui traversent de l'autre côté pour travailler, mais les enfants restent à Lévis", ce qui cause un stress supplémentaire quand il y a arrêt de service.

Les automobilistes sont plutôt résignés à "faire le tour" par les autoroutes et les ponts, même si cela risque de leur prendre plus de temps. "Pour une fois, ce n'est pas trop grave", assure Suzanne Létourneau, du secteur Lauzon, qui préfère de loin le calme des traversiers au stress de la route.

Pour ceux qui comptent seulement sur le transport en commun, la Société de transport de Lévis organisait quatre départs ce matin et référait au service régulier pour le retour à la maison.