Japon: un peu comme Three Mile Island

Par leur ampleur et la façon dont ils se sont produits, les accidents nucléaires qui ont suivi le séisme et le tsunami qui ont eu lieu au Japon la semaine dernière peuvent rappeler l'accident survenu il y a plus de 30 ans à la centrale nucléaire de Three Mile Island, en Pennsylvanie.


Par leur ampleur et la façon dont ils se sont produits, les accidents nucléaires qui ont suivi le séisme et le tsunami qui ont eu lieu au Japon la semaine dernière peuvent rappeler l'accident survenu il y a plus de 30 ans à la centrale nucléaire de Three Mile Island, en Pennsylvanie.

Les deux incidents sont en effet classés au niveau 5 sur l'échelle internationale des événements nucléaires, caractérisé par des rejets limités susceptibles d'exiger l'application partielle des contre-mesures prévues et un endommagement grave du réacteur ou des barrières radiologiques.



À Three Mile Island, il y avait également eu fusion partielle du coeur du réacteur numéro 2 de la centrale alors qu'à la centrale japonaise Fukushima, les coeurs de trois réacteurs ont fondu partiellement. De plus, les deux incidents ont été provoqués par des défaillances du système de refroidissement.

Rejets

Michel A. Duguay, docteur en physique nucléaire et professeur au département de génie électrique et de génie informatique de l'Université Laval, se souvient très bien des événements du 28 mars 1979, à 4h du matin.

«À l'époque, j'étais dans l'État du New Jersey, voisin de la Pennsylvanie. Tout le monde avait peur qu'une bulle d'hydrogène se forme et provoque une explosion. Cependant, les Américains s'en étaient tirés en laissant aller les gaz et l'hydrogène radioactifs dans l'atmosphère. Nous avions peur d'être contaminés par ces rejets», se souvient-il au sujet de l'accident qui n'a finalement pas eu de conséquences catastrophiques.



M. Duguay estime d'ailleurs que les Japonais n'ont pas été prudents, notamment aux centrales nucléaires Fukushima I et II. «Ils auraient dû ouvrir le toit de la centrale pour laisser échapper l'hydrogène et les gaz. En laissant aller tout ça dans l'édifice, ils préparaient une explosion et ils l'ont eue! Tout le monde sait ça que l'hydrogène est dangereux», explique-t-il.

État d'urgence

Un problème dans le système de refroidissement du réacteur 2, qui avait provoqué la fonte partielle du coeur du réacteur nucléaire, était à l'origine de l'accident de Three Mile Island. Le fait que les employés de la centrale n'aient pas détecté dès le départ la perte de liquide refroidisseur en raison d'un manque de formation et d'erreurs humaines a ensuite contribué à compliquer la situation.

À 6h56 du matin, l'état d'urgence était déclaré sur le site de la centrale et, une demi-heure plus tard, un état d'urgence général était lancé en raison du potentiel de conséquences graves sur le grand public. De l'eau a été pompée dans le réacteur après quel­ques heures pour en diminuer la température et stabiliser la situation.

Vingt-huit heures après l'accident, la compagnie propriétaire de la centrale de Three Mile Island, Metropolitan Edison, avait assuré que tout était sous contrôle pour ensuite qualifier la situation de «plus compliquée que ce qu'on croyait au départ».

Les écoles du secteur avaient été fermées, les résidants avaient été invités à demeurer à l'intérieur et les fermiers à garder leurs animaux dans des lieux fermés et à les nourrir uniquement avec du grain engrangé.

L'évacuation des femmes enceintes et des enfants d'âge préscolaire avait été suggérée dans un rayon de 8 km de la centrale et, en l'espace de quelques jours, 140 000 personnes avaient quitté le secteur. Ce n'est que le 9 avril que le gouverneur de Pennsylvanie a permis aux femmes enceintes et aux jeunes enfants de retourner à leurs résidences.