Journal de Montréal: amère fin de lock-out

La rencontre de 10 heures pendant laquelle ont voté les syndiqués du Journal de Montréal en lock-out depuis deux ans a été très émotive. Seulement 62 des 227 travailleurs retrouveront leur emploi.

Le conflit de travail au Journal de Montréal est terminé. Les journalistes et les employés de bureau en lock-out depuis 764 jours ont accepté, hier en soirée, les dernières offres patronales dans une proportion de 64,1 %.


Le conflit de travail au Journal de Montréal est terminé. Les journalistes et les employés de bureau en lock-out depuis 764 jours ont accepté, hier en soirée, les dernières offres patronales dans une proportion de 64,1 %.

Mais ce n'est pas de gaieté de coeur que les syndiqués ont accepté cette entente après plus de 10 heures de discussions et de débats au Palais des congrès, confie Raynald Leblanc, président du syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal. «Ç'a été très émotif. Mais pour moi, c'était une question de responsabilité envers mes membres qui se battent comme des diables depuis deux ans, même si rien n'avance.»



Le nouveau contrat de travail d'une durée de cinq ans permettra à 62 des 227 employés encore au Journal de Montréal de conserver leur emploi. Quant aux 165 personnes qui vont perdre leur travail, elles vont se partager des indemnités de départs de 20 millions $. La direction de Quebecor consent à laisser tomber la clause de non-concurrence, ce qui pourrait permettre à ceux et à celles qui se retrouvent sans emploi d'être embauchés ailleurs.

En octobre dernier, les syndiqués avaient rejeté dans une proportion de 89,3 % une offre de règlement de la partie patronale qui prévoyait le congédiement de près de 80 % des employés. Depuis ce temps, le syndicat admet avoir fait des gains modestes. «On se retrouve avec une offre pas tellement bonifiée, mais on a le sentiment au comité de négos qu'on n'aurait jamais été capables d'aller chercher plus. Il n'y a rien de satisfaisant dans cette affaire-là, mais on ne peut pas garder 250 personnes dans la rue indéfiniment, à moment donné il faut que ça arrête.»

Manque d'appui

Raynald Leblanc se dit très déçu du manque d'appui de la population, qui a continué d'acheter le Journal de Montréal malgré le lock-out. «Pendant tout ce temps, les publicités ont continué de rentrer, et le journal de fonctionner.»



Selon André Fortin, de la Fédération nationale des communications, affiliée à la CSN, «les trous dans la loi anti-scab» auront aussi fait en sorte que le syndicat ne pouvait pas se battre contre l'employeur.

Cette fois, plutôt que d'exiger la fermeture du site Rue Frontenac, Quebecor aurait demandé de conserver un droit de regard sur l'édition papier. Dans l'offre soumise hier, l'employeur proposerait en effet d'imprimer et de diffuser le journal pendant un certain temps. «Cela leur permettra de se faire un peu de capital politique», a laissé tomber le journaliste Philippe Renaud, avant le vote. Pour sa collègue Valérie Dufour, c'est «une douche froide». «Ça ressemble beaucoup à ce que l'on avait eu au mois d'octobre, mais il y a quelques améliorations», explique-t-elle.

De son côté, la direction de Quebecor s'est limitée à une brève réaction par un courriel envoyé au Soleil. «Nous sommes satisfaits du vote des membres du Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal. Nous acceptons la recommandation du médiateur Jean Poirier. Nous nous assoirons prochainement avec le syndicat pour discuter des modalités du protocole de retour au travail. Nous ne ferons pas d'autres commentaires pour l'instant», écrit Serge Sasseville, vice-président aux affaires corporatives et institutionnelles chez Quebecor.

Avec La Presse Canadienne