Fête nationale: changer la date plutôt que l'endroit

L'idée de déménager le spectacle de la Saint-Jean-Baptiste a mal été reçue par plusieurs mercredi. Plutôt qu'envoyer le problème ailleurs, certains préconisent plutôt un changement de date.


«Ça fait des années que je dis qu'on est sauvés par la pluie. À un moment donné, il va arrêter de pleuvoir, et ça va se mettre à mal aller», dit Martin Sirois, président de Sécurité Sirois, la firme responsable de la sécurité du spectacle.

«Je fais tous les grands événements à Québec et plusieurs à Montréal, et c'est une des pires soirées pour notre personnel.» Mais voilà, M. Sirois ne pense pas qu'un déménagement résoudrait pour autant les problèmes de violence. «Changer le site de place, ce n'est pas régler un problème, c'est le déplacer.»

Celui-ci préconise davantage un changement de date. «Il y a beaucoup de gens de Montréal qui débarquent le 23 au soir pour fêter fort. Si on faisait ça le 24, on réduirait peut-être l'achalandage de 4 % ou 5 %. Après ça, la plupart du monde travaille le 25 au matin, ça réduirait encore de 10 % ou 15 % le monde qui va à la fête.»

Même chez les résidants du secteur, on ne voit pas en quoi un déménagement réglerait les problèmes de débordements.

«Les gens se réunissent à toutes sortes d'endroits, comme au parc Montmorency, et y traînent leur bière. Il y a une espèce de fête spontanée qui se crée indépendamment des organisateurs officiels. Alors, ce n'est pas changer la fête officielle de place qui va changer ça», dit Louis Germain, président du Comité des citoyens du Vieux-Québec.

Celui-ci invite plutôt la capitale à imiter Montréal en déplaçant son spectacle le soir du 24 juin. Mais voilà, la solution pourrait être efficace les années où la Saint-Jean tombe un dimanche, un lundi, un mardi, un mercredi ou un jeudi; le 24 juin est un vendredi cette année.

Responsable du secteur d'ExpoCité, où pourrait aboutir le spectacle de la fête nationale, la conseillère municipale Suzanne Verreault ne cache pas son opposition. «Je ne suis pas très ouverte à l'idée de déménager une fête de l'ampleur de la Saint-Jean, surtout qu'on pense à déménager à cause de problèmes de sécurité.»

Elle rappelle qu'ExpoCité se trouve en plein quartier résidentiel et que ses voisins ont déjà leur lot de bruit et de perturbations avec Expo Québec.

Le réflexe «pas dans ma cour»

Le président du conseil de quartier Lairet, Pierre Trahan, n'avait toutefois aucune opposition à voir le spectacle déménager à ExpoCité. «C'est sûr qu'il y a des inconvénients, mais ça n'arrive qu'une fois dans l'année. Il ne faut pas avoir le réflexe de "pas dans ma cour".»

Sur les réseaux sociaux, la nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre. Là aussi, on s'opposait à tout déménagement. «Touchez pas à notre fête nationale», d'écrire un internaute. «Tu peux pas me faire ça! Déplacer la Saint-Jean!?» d'ajouter un autre. Certains soulignaient que changer le spectacle d'endroit ne les empêcherait pas de se rassembler sur les Plaines.

Porte-parole de la Ville de Québec, François Moisan rappelle que la décision de déménager ou pas le spectacle n'est pas prise. Celle-ci devrait être annoncée d'ici deux mois. Il souligne que l'objectif est «de rendre la fête accessible à tous, que ce ne soit pas une beuverie tout court».