Le Groupe Desgagnés confronté à la piraterie organisée

Le corridor du Saint-Laurent et des Grands Lacs est en train de rater le bateau: tel est le message livré, mardi, par le président et chef de la direction du Groupe Desgagnés, Louis-Marie Beaulieu, devant les membres de la Chambre de commerce et d'industrie de Québec.

Non, la croisière ne s'amuse pas dans le golfe d'Aden, au large de la Somalie! En décembre, trois navires du Groupe Desgagnés y naviguaient. Pour se protéger des pirates, le transporteur maritime de Québec avait songé à embaucher des mercenaires armés pour faire fuir d'éventuels éléments perturbateurs.


«Dieu merci, il n'y a pas eu d'incident!», a rapporté le président et chef de la direction du Groupe Desgagnés, Louis-Marie Beaulieu, en signalant que le dernier des trois navires se trouvant encore dans la zone dangereuse allait en sortir dans les prochains jours.

Mardi, M. Beaulieu a su captiver l'attention des 450 membres de la Chambre de commerce et d'industrie de Québec qui étaient venus l'entendre parler de son entreprise - dont les bateaux naviguent sur toutes les mers du monde - et de la gestion des risques de livrer des biens et des marchandises dans les coins les plus explosifs de la planète.



La piraterie organisée qui fait rage dans le golfe d'Aden - une baie située entre la Somalie et le Yémen - est l'un de ces risques auxquels un transporteur maritime qui a des contrats à long terme à respecter avec des clients doit faire face. Au même titre, par exemple, que les risques reliés à des conflits armés régionaux ou à des facteurs géopolitiques globaux ou encore à des phénomènes particuliers comme celui de la présence de passagers clandestins à bord des navires commerciaux.

«La piraterie est maintenant une industrie», a exposé Louis-Marie Beaulieu. «Les coûts des négociations et des commissions sont rendus approximativement au même niveau que les rançons exigées par les pirates.»

Selon les informations de M. Beaulieu, il y a présentement dans la vaste région de l'océan Indien pas moins de 31 navires qui sont détenus par des pirates. Le nombre de membres d'équipage qui sont pris en otage est évalué à tout près de 700.

Avant de considérer la possibilité de recourir à des mercenaires armés, le Groupe Desgagnés avait déployé certains moyens de protection dont l'acquisition de canons à eau, l'installation de broches barbelées et l'aménagement de citadelles permettant aux membres de l'équipage de s'y réfugier en cas d'une visite impromptue des pirates.



«Tous ces moyens, c'est bien peu considérant la force de frappe des pirates qui ne cesse de prendre de l'ampleur», a signalé M. Beaulieu.

Coût des assurances

Selon la littérature disponible sur le sujet, les pirates sont généralement des membres d'organisations criminelles disposant de moyens sophistiqués. Ils se pointent près des navires à bord de petites embarcations. Pour établir leur loi, ils n'utilisent pas des tire-pois, mais des armes automatiques, des fusils d'assaut AK-47, des kalachnikovs et des lance-roquettes portables.

Évidemment, le coût des assurances pour faire naviguer un navire dans le golfe d'Aden n'a rien de comparable à celui d'assurer, par exemple, la desserte maritime de la Basse-Côte-Nord. «C'est extrêmement dispendieux.»

Dans le passé, le Groupe Desgagnés avait déjà goûté à la médecine de gouvernants se croyant tout permis. En effet, il y a une vingtaine d'années, le dirigeant tout-puissant de la Libye, Mouammar Kadhafi, avait décidé tout bonnement de réquisitionner pour ses besoins personnels un navire du Groupe Desgagnés qui livrait des produits pour la Commission canadienne du lait.