L'Union paysanne (UP) songe à créer un groupe de promotion du lait cru dans le but de briser la «démonisation» entourant ce produit au Québec et au Canada, alors qu'il est consommé en toute sécurité par des millions d'Européens et d'Américains. Une façon positive de faire avancer le dossier, à défaut d'entrevoir une ouverture légale à la vente dans un avenir prévisible.
La Cour d'appel d'Ontario entendra prochainement l'appel déposé par la Couronne contre le producteur laitier Michael Schmidt, qui, il y a un an, a été acquitté par une cour inférieure d'avoir vendu illégalement du lait cru. M. Schmidt avait obtenu gain de cause en raison de la formule coopérative qu'il avait mise sur pied.
Comme les producteurs ont le droit de consommer leur propre lait cru, il avait argué que chaque membre de la coopérative possédait une partie de troupeau et buvait son propre lait, tout en payant le fermier pour l'entretien des vaches. À l'époque, l'Union paysanne s'était dite fort intéressée par la formule et disait vouloir y recourir au Québec.
Un an plus tard, force est d'admettre que l'organisation n'a pas eu d'énergie à consacrer à ce dossier, souligne le président de l'UP, Benoît Girouard, en entrevue téléphonique.
Quelques personnes se sont montrées intéressées, dit-il, mais elles attendent que l'organisation les chapeaute, ce qui n'a pas été possible dans la dernière année.
La demande existe
Toutefois, l'intérêt pour la libéralisation de la vente de lait non pasteurisé n'est pas mort, au contraire, d'où l'idée d'un groupe de promotion. Celui-ci pourrait notamment contribuer à la diffusion d'études scientifiques démontrant que le lait cru, lorsque sa production répond à des normes strictes, est sécuritaire pour les consommateurs.
Un tel groupe permettrait aussi de mettre en réseau tous ceux qui militent pour avoir la possibilité de vendre ou d'acheter du «vrai lait».
Chose certaine, la demande pour un produit non transformé existe. Pour l'une, la propriétaire de la Beurrerie du Patrimoine, en Estrie, qui produit et vend du lait pasteurisé mais non homogénéisé, dit en recevoir régulièrement, mais les refuse systématiquement. «Je ne risquerai pas de perdre mon permis pour un litre de lait», dit Diane Groleau.
Avec sa production distribuée dans 160 magasins au Québec (dont le Crac à Québec), elle dit aller au maximum de ce que permet la loi, à savoir un lait pasteurisé, donc exempt de bactéries, mais non homogénéisé, dont le gras demeure au-dessus du lait. Un lait qui se conserve 15 jours, comparativement à de trois à cinq jours pour le lait non pasteurisé et de 21 à 28 jours pour le lait ultratraité.
Si la loi devait être changée un jour, Mme Groleau accepterait volontiers de vendre du lait cru, mais uniquement à la ferme, en raison justement de cette durée de conservation très limitée.
Au Québec, une pétition lancée par Carol Vachon, un docteur en physiologie médicale et fervent militant d'une ouverture à la vente (voir www.bonlait.com), a recueilli à ce jour plus de 7600 noms, selon l'auteur. M. Vachon dit la garder en réserve pour le jour où elle servira la cause.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/CX7GLZ3UVRBOZKYD2X3NGBYNCY.jpg)