Jeudi soir, le conseil de quartier de Saint-Roch a adopté les conclusions d'un comité de travail par lesquelles une telle consultation sera organisée au printemps, soit en avril ou en mai. La consultation aurait lieu un samedi après-midi, probablement au Centre communautaire Saint-Roch.
À l'occasion de cette consultation, différents intervenants seraient appelés à informer les citoyens sur la pertinence ou non d'avoir un centre d'injection supervisée dans le quartier. Un représentant du comité de travail a notamment fait référence, comme différents intervenants potentiels, au promoteur du projet, Point de repères, aux policiers, à la Direction de santé publique, aux commerçants du quartier Saint-Roch, à un représentant des utilisateurs de drogues par injection et au ministère provincial de la Santé. Les gens pourront aussi soumettre des mémoires, et les citoyens, émettre leurs opinions sur l'arrivée potentielle d'un tel service.
Cette consultation aura comme objectif de permettre au conseil de quartier de se faire une opinion sur la pertinence d'un centre d'injection supervisée.
«À la fin de cette consultation, le conseil va se positionner sur cet enjeu, à savoir si nous appuyons, si nous nous opposons à un SIS [site d'injection supervisée] dans Saint-Roch ou si nous adoptons une position neutre dans ce débat», a indiqué le président du conseil de quartier, Louis H. Campagna.
Même si l'organisme Point de repères a souvent invité le conseil à unir leurs forces dans la préparation de la consultation, M. Campagna rappelle qu'il est important pour lui et ses collègues de préparer une démarche neutre. Dans ce contexte, Point de repères pourra émettre ses opinions sur la pertinence d'un CIS, mais ne sera pas partie prenante de la préparation de cette consultation dirigée par le conseil de quartier.
«Nous ne voulons pas qu'un organisme prenne le contrôle des débats de cette consultation», a indiqué M. Campagna, avant la présentation de la réunion du conseil de jeudi. «On veut un débat neutre.»
D'ailleurs, le président du conseil semble tenir à cette neutralité complète. Jeudi, il a émis l'opinion que plusieurs des intervenants qui pourraient participer à la consultation pouvaient sembler déjà pencher en faveur de l'arrivée d'un CIS. M. Campagna s'est fié à la liste partielle des intervenants qui a été lue par un des membres du comité de travail.
Les conseils de quartier sont des entités de la Ville de Québec. Leurs membres représentent les citoyens et les entreprises de leur quartier. Ces conseils ont des pouvoirs de recommandation auprès des arrondissements, mais n'ont aucun pouvoir décisionnel.
Pour sa part, le directeur général de Point de repères, Mario Gagnon, respecte la démarche entreprise par le conseil de quartier, mais il se demande si c'est vraiment à cette entité de prendre le contrôle d'une telle démarche de consultation. Il estime qu'une telle consultation devrait être organisée par un organisme d'envergure régionale, notamment la Direction régionale de santé publique.
«Qu'est-ce qui arrive si on en vient à la conclusion que le SIS devrait être installé dans le quartier Saint-Sauveur? Il faudrait tout reprendre du début. Les SIS, ce n'est pas un enjeu de quartier, c'est un enjeu régional.»
Rapport retenu
M. Gagnon a aussi réagi à la décision du gouvernement du Québec de ne pas publier pendant une année un rapport d'un comité-conseil qui recommandait l'ouverture de CIS au Québec. Selon le quotidien Le Devoir, le directeur national de santé publique et sous-ministre adjoint, Alain Poirier, était prêt à publier ce rapport en mai 2009, mais l'étude a été placée sous embargo par le gouvernement et a finalement été rendue publique une année plus tard.
Selon M. Gagnon, la mise sous embargo de ce document démontre très clairement que le ministre actuel de la Santé, Yves Bolduc, fait fi d'une accumulation de données scientifiques qui démontrent les bienfaits des CIS.
«Le ministre est de plus en plus isolé dans ce dossier. La position du gouvernement est purement idéologique et rejette du revers de la main les aspects scientifiques reliés aux SIS.»